SÉRIE HOSPITALIÈRE CRÉÉE PAR JACK AMIEL ET MICHAEL BENGLER. RÉALISATION DE STEVEN SODERBERGH. AVEC CLIVE OWEN, ANDRÉ HOLLAND, JULIET RYLANCE. SAISON 1. SORTIE DVD LE 16/09. DIST: WARNER.

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Venu y présenter Behind the Candelabra, une production… télévisée, Steven Soderbergh annonçait lors du Festival de Cannes 2013 mettre un terme à sa carrière cinématographique pour se consacrer à d’autres projets artistiques. Le premier d’entre eux, c’est The Knick, série hospitalière portant le label HBO, dont le réalisateur de Traffic et autre Contagion signe l’intégrale de la première saison. S’ouvrant dans le décor blême de New York à l’aube du XXe siècle, la série s’insinue bientôt dans les couloirs du Knickerbocker Hospital, établissement confronté à d’inextricables difficultés financières, et semblant par ailleurs devoir accueillir toute la misère du monde. Et le cadre où évolue une équipe de médecins et d’infirmières sous la conduite du docteur John Thackery (Clive Owen, impressionnant), chirurgien aussi génial qu’excentrique tentant de repousser les limites de la médecine, tout en composant avec ses démons personnels, au premier rang desquels une addiction sévère à la cocaïne. Soit le socle d’une série brassant encore, par-delà les querelles intestines d’usage, des enjeux plus vastes, les tensions sociales et raciales y composant le paysage trouble d’une époque sur laquelle elle porte un regard ultradocumenté -des émeutes qui agitèrent la ville en 1900, aux balbutiements de la médecine moderne, et autres évolutions techniques.

« Nous avons tourné l’ensemble comme un film de dix heures », explique Clive Owen dans les compléments. Et c’est en effet l’impression qui prévaut à la découverte de ces dix épisodes composant un tout d’une remarquable densité. A la manoeuvre, Soderbergh fait preuve de sa maestria habituelle, orchestrant un mouvement exécuté avec une précision chirurgicale par ses comédiens. Dommage toutefois que si elle ose un ton et une noirceur inusités, saupoudrés en outre de ce qu’il faut d’humour grinçant, la série soit plus mécanique dans son écriture, l’articulation de ses différents épisodes se révélant quelque peu répétitive. Ce bémol posé, l’ensemble n’en demeure pas moins captivant, la chute, magistrale, laissant augurer d’une deuxième saison plus sombre encore. Le coffret présente par ailleurs divers bonus, allant d’une intéressante interview du compositeur Cliff Martinez, collaborateur régulier de Soderbergh depuis Sex, Lies and Videotapes, à de brefs modules postopératoires accompagnant chaque épisode pour en resituer les enjeux, mais aussi leur ancrage dans la réalité de l’époque. Manière d’éclairer The Knick sous un jour rien moins que passionnant.

J.F. PL.

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