Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

Comme à la parade – Les poseurs new-yorkais de The Drums oublient la surf music et nous font le coup du revival eighties. Irritant mais promis au succès.

« The Drums »

Distribué par Cooperative Music.

On pourrait appeler ça le syndrome Bloc Party. Voir l’affaire comme le remake américain d’un mauvais film anglais avec un jeune blondinet gentil mais maniéré dans le rôle de Kele Okereke. L’intrigue, on la connaît. Quatre mecs venus de nulle part font baver les blogs et les magas hypes avec un EP (comprenez une poignée de chansons) impeccable(s). Enregistrent un album décevant dont on a déjà entendu les meilleurs morceaux ( Down by the water, qui n’a de PJ Harvien que son titre, est sans doute l’extrait le plus séduisant du disque) et, bien entourés, forcent vite fait bien fait les portes du succès. Bref. La success story qui fait rêver tous les gamins dans leurs chambres (et leurs caves) quand ils n’accrochent pas des posters de Messi, Robben et Rooney au mur.

L’histoire de The Drums ( » Trop de groupes ont des noms interminables impossibles à retenir« ) commence dans un camp de vacances chrétien. C’est là, vers l’âge de 13 ou 14 ans que Jonathan Pierce rencontre Jacob Graham.  » Nous étions tous 2 fans de Kraftwerk et nous venions de découvrir quelques pionniers de la pop à synthé comme Wendy Carlos, se souvient Pierce sans sa gestuelle scénique à la Ian Curtis. Nous étions les mêmes. Seule la musique comptait dans nos vies. Nous venons de ce genre de patelins américains paumés sans rien d’autre qu’une pompe à essence. Avec Jacob, je pouvais partager ma passion. Nous sommes restés en contact en nous écrivant des lettres. Internet n’était pas encore aussi généralisé qu’aujourd’hui. Et quand nous nous voyions l’été, nous essayions d’écrire des chansons.  »

No more surf

Les 2 ados forment ensemble Goat Explosion, un projet électro pop, avant de tracer chacun leur chemin. Leurs groupes respectifs, Elkland et Horse Shoes, seront signés par Columbia et Shelflife records. Mais un peu paumés, voire franchement déboussolés, Pierce et Graham décident, fin 2008, de faire à nouveau équipe et préfèrent les guitares aux synthés.  » Nous n’étions pas de vrais musiciens et nous ne savions pas trop ce que nous faisions. Je pense que ça nous a menés à quelque chose de rafraîchissant, fragile et excitant. Vous connaissez les Raincoats? Ils ont enregistré leur premier album avant de savoir jouer et il est tout simplement brillant. Quand ils ont réalisé où ils allaient, ils étaient déjà devenus ennuyeux.  »

Les Drums auraient-ils sauté quelques étapes? Autant leur EP Summertime! avait quelque chose de bluffant avec son côté sixties ensoleillé, autant son premier disque sonne micro-ondes de la pop moderne avec sa new wave et ses claviers réchauffés.

L’imparable single et sans doute aussi la meilleure chanson des Drums, Let’s Go Surfing, ne figure pas au programme. Me & The Moon est aussi insupportable qu’un match de foot commenté par l’infernale équipe de Club RTL. Et aussi efficaces soient-elles, les chansons transpirent tout ce qui nous fait horreur dans les années 80. Dommage.

Au Pukkelpop le 21/08.

Julien Broquet

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