The batman

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On n’avait pas attendu Matt Reeves et The Batman pour le savoir: de tous les (super-)héros, galaxies DC et Marvel confondues, le personnage imaginé par Bob Kane est assurément celui à l’univers le plus sombre. Un postulat dont Tim Burton et Christopher Nolan avaient tiré parti en leur temps pour les imparables Batman Returns et The Dark Knight, et que le réalisateur de Dawn of the Planet of the Apes reprend aujourd’hui à son compte avec un incontestable bonheur.

Cette nouvelle aventure, Matt Reeves et son coscénariste Peter Craig l’ont en quelque sorte conçue comme un retour aux sources du personnage tel qu’il apparut pour la première fois en 1939. «Je voulais explorer le côté noir de Batman et faire de lui le plus grand détective du monde parce qu’il a débuté comme ça», explique le cinéaste dans Vengeance in the Making, la pièce de résistance du disque de bonus proposé avec l’édition Blu-ray du film. The Batman s’ouvre ainsi dans une atmosphère de film noir. Dans une Gotham City rongée par la corruption, un mystérieux tueur surnommé The Riddler (Paul Dano) s’emploie à liquider méthodiquement les «huiles» – maire, procureur,… – avec un luxe de cruauté, non sans signer chacun de ses crimes de devinettes à l’attention de The Batman (Robert Pattinson). Lequel observe le lieutenant Gordon (Jeffrey Wright) et ses hommes tenter de démêler les fils de l’affaire, fourbissant ses armes dans l’ombre. «L’ombre, c’est moi», professe-t-il du reste, comme pour mieux signifier qu’entre The Riddler et lui, tout n’est pas noir et blanc, gris tout au plus, l’un étant pour ainsi dire indispensable à l’autre, dans une relation non dénuée d’ambivalence.

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S’appuyant sur un scénario malin (rappelant par endroits Zodiac) et une mise en scène alerte et réaliste, The Batman soutient allègrement la comparaison avec ses plus illustres antécédents, non sans évoquer le récent Joker, partageant avec le film consacré à sa némésis la noirceur et le parfum très 70’s – Robert Pattinson, impeccable, cite d’ailleurs le Travis Bickle de Taxi Driver parmi ses inspirations. Dans Gotham City au bord du chaos, le héros n’apparaît pas sans peur ni sans reproches, mais animé par des motivations douteuses, imparfait et faillible, au point de sembler par moments naviguer à vue dans cet univers crépusculaire, le concours épisodique de Catwoman (Zoë Kravitz) n’étant pas de trop. Pour un film dont la noirceur fait écho à celle du monde – voir en particulier son final, résonnant avec l’histoire américaine récente – , une imparable réussite dont Paul Dano peut affirmer dans les bonus: «Batman est l’un des rares endroits où la culture, la culture populaire et l’art se rencontrent à leur paroxysme».

Film noir de Matt Reeves. Avec Robert Pattinson, Zoë Kravitz, Paul Dano. 2 h 56. Dist: Warner. Disponible en Blu-ray, DVD et VOD.

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