UNE EXPOSITION LOW TECH, UNE CRÉATION, LES AVEUGLES, D’APRÈS L’OUVRE DE MAETERLINCK ET UN GRAND JEU KINECT À TRAVERS LA CITÉ DU DOUDOU… VIA CÉLÈBRE LE MÉLANGE DES GENRES, INTERROGE LES LIENS ENTRE LA TECHNOLOGIE ET LA CULTURE ET JETTE DES PONTS VERS MONS 2015.

Festival international et interdisciplinaire de théâtre, danse, musique et arts électroniques, Via est de naissance, par essence, attaché à la grande thématique de Mons 2015: le lien entre la culture et la technologie. Entre hier et demain. Notre passé et notre avenir. Rien d’étonnant donc à ce que l’audacieux événement transfrontalier reliant Mons à Maubeuge rattrape la future capitale européenne de la culture, capitale qu’il a d’ailleurs quelque part inspirée, et préfigure certaines des manifestations technologiques de Mons 2015.

Déjà, du 29 au 31 mars, de 22 heures à minuit, Via proposera Social Gaming. Un tournoi de jeux vidéo collaboratif mis en scène sous forme de parcours urbain par l’artiste local Patric Jean. Et pour tout dire le premier jeu Kinect organisé à l’échelle d’une commune. L’idée? Provoquer, par le jeu, l’interaction sociale et la rencontre loin de la solitude souvent associée à l’image des jeux vidéo. Le tout avec pour toile de fond la légende, relayée dans un discours de Churchill, des anges protecteurs de Mons. Celle qui veut qu’en 1914, des anges archers auraient sauvé la vie de soldats anglais en leur indiquant un chemin dans le brouillard.

 » Nous essayons d’intégrer la ville dans le projet culturel, explique Yves Vasseur, directeur du Manège.Mons et commissaire général de Mons 2015. Social Gaming est une espèce de test. Un test qui permettra d’envisager comment Mons peut vibrer. L’idée est d’ouvrir un appétit. De créer un courant. D’amorcer une dynamique. Il faut que les gens d’ici croient en ce qui se passe. Mons est une ville qui peut se créer un avenir économique et culturel en misant sur les nouvelles technologies. »

Des £uvres qui flottent…

Via 2012, ce sera aussi l’occasion d’essuyer les plâtres du TaBARnacle. Un bar provisoire aux luminaires low tech et à l’atmosphère montréalaise où se mêleront concert, soirée DJ, cours de cuisine, apéro littéraire et autre salon d’écoute…  » Ce sera l’occasion de voir s’il y a de la place à Mons pour des lieux différents comme celui-là. Nous devons instiller l’envie. Mobiliser. Le succès de Lille 2004 vient notamment de l’engouement, de l’esprit de fête dans lequel l’événement a baigné. »

Ville universitaire, Mons est aussi ville populaire. L’accouplement de l’art et des nouvelles technologies peut effrayer.  » Notre boulot est de montrer que ce que nous présentons est à la portée de tous. Les £uvres ne sont pas souvent évidentes à raconter. J’ai juste envie de dire: osez venir découvrir. N’ayez pas peur de passer nos portes.  »

Vous pouvez partir à la rencontre de la toujours surprenante Canadienne Marie Brassard et de son autofiction poétique, incantatoire et hallucinogène: Moi qui me parle à moi-même dans le futur. L’édition de cette année s’imprègne du dynamisme, de l’effervescence et de l’imaginaire de Montréal.

Vous pouvez aussi pousser une pointe jusque Maubeuge où Low Tech rassemble une vingtaine d’installations, une série d’innovations recréées avec les outils du passé. L’exposition interactive dans laquelle le visiteur devient acteur en donnant vie aux objets présentés résulte de la friction entre artisanat, arts visuels et banalisation du numérique dans notre quotidien. S’interroge sur la création plastique et son application dans le spectacle vivant.  » Beaucoup d’artistes plongés jusqu’au cou dans le progrès reviennent à des formes simplissimes, avance Didier Fusillier, directeur du Manège Maubeuge, qui aime faire entrer les nouvelles technologies dans l’art contemporain. De manière générale, avec Via, nous ne savons pas très bien où nous nous situons. Arts de la scène, arts plastiques, arts d’écran? On a affaire à des £uvres qui flottent, à des artistes qui ne sont référencés nulle part. Ils n’appartiennent pas au numérique pur. Ils ne font partie d’aucun marché. Parce que leur art est neuf, complexe…  »

Energie transfrontalière

Que les choses soient claires, le progrès technologique a envahi tous les champs de la création artistique.  » Aujourd’hui, les décors gigantesques d’un opéra peuvent être transportés sur une clé USB. Certains artistes d’£uvres plastiques travaillent sur les illusions, les spectres, des créations dont on ne peut voir le support. Comme Via, Mons 2015 est né d’une énergie transfrontalière. Son thème, technologie meets culture, est lié à notre festival et à cette question: comment vit-on la création dans notre monde submergé par les nouvelles technologies, les téléphones portables et compagnie? »

Depuis Le Polygraphe de Lepage, Via a toujours montré ces artistes qui faisaient appel au progrès. Et d’assurer:  » Nous n’opposons pas un monde à un autre. Le nouveau à l’ancien.« En effet, ils les fusionnent. Cette année, Les Aveugles, d’après l’£uvre de Maurice Maeterlinck, marquera une collaboration entre le Manège et LOD, société de production gantoise de théâtre musical. Le compositeur flamand Daan Janssens et le plasticien francophone Patrick Corillon. Que reste-t-il quand on perd la vue? Ce spectacle qui, dit-on, intègre les nouvelles technologies de manière surprenante pourrait bien vous ouvrir les yeux.

DU 20/03 AU 01/04. À MONS, MAUBEUGE, FEIGNIES.

INFOS AU 065/395939 ET SUR WWW.LEMANEGE.COM

TEXTE JULIEN BROQUET

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