Sugar Run

Même si elle a passé la moitié de sa vie en prison. Jodi McCarty, trente-cinq ans, a pourtant un projet pour sa libération conditionnelle: préférant un retour profil bas parmi les vivants, la jeune femme rêve d’une vie à la campagne, sur le terrain laissé par sa grand-mère Effie, dans les Appalaches de Virginie-Occidentale. Elle tient la promesse faite à Paula, son ancienne amante, en récupérant sur le chemin de son futur éden le frère de celle-ci, Ricky, simplet maltraité par ses parents, et prend sous son désir et son aile, Miranda, fuyant avec ses trois gamins un mari chanteur de country violent. Mesha Maren situe son premier roman dans une Amérique des paysages dévastés par l’industrie du gaz de schiste, où les terrains bradés se craquellent en sous-sol. Dans ces lieux où le battement d’ailes d’un papillon n’a aucun effet,  » où le temps et la distance étouffaient tout« , Jodi doit renoncer au droit à l’oubli et composer avec la rancune, la méfiance et les « démons » de ses proches (alcool, drogue, trafic). Roman noir rural recomposant patiemment le puzzle d’un passé lourd, Sugar Run distille une violence sociale d’un État qui abandonne les ouvriers, les petits et les vétérans. Sur ce sol instable où planter sa rédemption paraît impossible, l’amour pur et puissant de Jodi pour « sa famille » nous touche profondément.

De Mesha Maren, éditions Gallmeister, traduit de l’anglais (États-Unis) par Juliane Nivelt, 384 pages.

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