Avec la vidéo de Wrong, les vétérans de Depeche Mode sèment le trouble et s’inscrivent dans une véritable tradition du clip anxiogène.

« I was born with the wrong sign / In the wrong house / With the wrong ascendancy / I took the wrong road / That led to the wrong tendencies/ I was in the wrong place at the wrong time / For the wrong reason and the wrong rhyme / On the wrong day of the wrong week / I used the wrong method with the wrong technique / Wrong.  » Mauvais endroit, mauvais moment, mauvaises raisons. L’heure n’est pas à la rigolade. Et le simple fait que les vétérans new wave de Depeche Mode se fassent, sur leur nouveau single, les porte-parole du malaise ambiant en dit long. Le clip, sombre, angoissant, qui illustre le propos n’est pas mal non plus dans le genre peu fendard. Un homme, masqué, est attaché dans une voiture lancée en marche arrière, de nuit, sur une route coupant un décor urbain. Bonjour le stress. Avant le crash, inévitable. Une vidéo en phase avec son temps qui rappelle de loin celle de Karma Police de Radiohead et s’inscrit dans une véritable tradition du clip anxiogène. Dont le Stress, justement, de Justice serait l’un des derniers représentants marquants en date, dégageant l’anxiété par bouffées comme le souffre par traînées. Et dont le grand Chris Cunningham serait en quelque sorte la référence ultime. Tissant en son temps pour Aphex Twin ( Come to Daddy, Rubber Johnny) – sorcier électronicien qui fait son grand retour sur les scènes européennes en cette année de crise (hasard?) – mais aussi pour Squarepusher ( Come On My Selector), LFO ( Freak), ou plus récemment The Horrors ( Sheena Is A Parasite) des univers résolument dark, malades, oppressants. Carrément flippants.

Ces dernières semaines, Depeche Mode donc, mais aussi Fever Ray ou Kery James ( Le retour du rap français et son clip consumé par la haine) véhiculent à leur manière ce malaise via des vidéos qui font écho à cette vision du monde sombre et pessimiste indissociable de la décennie frime et fric des années 80. Cette noirceur radicale, sans promesse de lendemains meilleurs, qui avait cours dans La Chose de Carpenter, Blade Runner de Ridley Scott. Ou la BD de Moore et Gibbons, Watchmen… qui aura attendu 2009 pour infiltrer le grand écran. Tiens donc.

www.depechemode.com

Nicolas Clément

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