LES HOLOGRAMS, QUATRE JEUNES ÉNERVÉS DE STOCKHOLM À L’AFFICHE DU MICRO FESTIVAL LIÉGEOIS, VOMISSENT UN COCKTAIL DÉCAPANT DE COLD WAVE MANCUNIENNE ET DE (PROTO)PUNK NEW-YORKAIS. LE SON DE L’ANXIÉTÉ SCANDINAVE ET DE LA MISÈRE ORDINAIRE.

« C’est sans doute moins dû à la ville qu’à ma propre misérable existence mais tu n’imagines pas ce que ma vie était chiante à Stockholm. » Andreas Lagerström ne respire pas spécialement la joie de vivre. En janvier dernier, un bonnet vissé sur la tête et une bière collée à la main, le bassiste et chanteur des Holograms se raconte dans les coulisses froides d’une salle hollandaise où son encore jeune groupe participe au festival Eurosonic.

« Ce que je faisais de mes journées ennuyeuses? Tu veux dire à part picoler? Pas grand-chose. Mon quotidien, c’était de me bourrer la gueule, de jouer aux jeux vidéo (il a participé aux championnats de Suède de Street Fighter, ndlr) et de faire de la musique. J’allais voir pas mal de concerts aussi. Notamment sur un bateau, le Vieille Montagne, qui organise beaucoup de gigs garage et punk sur Stockholm. King Khan, NoBunny… Tout le monde joue là-bas. C’est là que nous nous sommes rencontrés et que nous sommes pour la première fois montés sur scène ensemble. Nous y avions déjà joué avec tous nos groupes précédents en fait.  »

Anxiété, isolement et overdose…

Holograms est né alors qu’Anton Strandberg (batterie), Anton Spetze (voix/guitare) et son frangin Filip (synthé/voix) travaillaient non pas dans une usine comme le veut la légende mais dans un dépôt à une heure de la ville. Passant leurs journées à faire des caisses pour la plus grande boîte de distribution suédoise de bouquins. « Chiant comme l’enfer.  »

Comme l’annonce leur label Captured Tracks (The Soft Moon, Beach Fossils, DIIV…), les Holograms ne vomissent pas que l’alcool qu’ils ingurgitent. Ils gerbent aussi leur quotidien peu valorisant dans les rues et la banlieue de la capitale suédoise. Leurs chansons parlent d’industrialisation, d’urbanisation, de racisme…

Leur premier single ABC City était un hymne à l’Arbete Bostad Och Centrum. Un complexe construit dans les années 50 pour abriter la working class où règnent l’isolement, la pauvreté et l’ennui.

« On avait enregistré quatre chansons nous-mêmes. Filmé une vidéo. Et on a envoyé ça à Captured Tracks. On avait aussi balancé notre truc à Sacred Bones, au label suédois Luxury. A quelques structures danoises. Chez Captured, ils avaient l’air d’adopter une philosophie qui nous plaisait. Ils n’hésitent pas à signer et à défendre des nouveaux groupes. Elles ne sont plus très nombreuses les maisons de disques prêtes à prendre des risques. » « Ils n’ont pas le côté conservateur voire réac que certains affichent, enchaîne Anton Spetze. Ils écoutent vraiment ce qu’on leur envoie. »

L’esthétique des Holograms colle plutôt bien à celle du label new-yorkais. « Tout le monde n’est pas d’accord avec mes goûts dans le groupe mais j’écoute beaucoup de punk, de post-punk, de cold wave, de new wave, reprend Andreas… J’ai vraiment peu de fric hein. Les derniers bazars que j’ai achetés, c’était le premier album de The Wake, The Danse Society, Section 25. Beaucoup de disques de chez Factory. »

Son de l’anxiété et de la misère ordinaire, Holograms évoque Bauhaus, The Fall, le Gun Club, Suicide, le protopunk new-yorkais. Leur Korg-MS10 a été hérité d’un pote décédé d’une overdose. « Il nous l’avait prêté. Son père nous a dit qu’on pouvait le garder. »

Manchester ou New York? Le ton s’élève. Les voix s’entremêlent. « Musicalement, je suis sans doute plus Manchester. » « Perso, quand j’étais ado, j’ai beaucoup écouté Richard Hell. » « Moi, je ne sais même pas d’où viennent les groupes. » Andreas s’emballe sur le 24 Hour Party People de Winterbottom, « qui m’a beaucoup fait rire« , mais pas trop sur le Control de Corbijn, « qui manque de substance« . « En lisant des bouquins, des trucs sur la Factory notamment, j’ai appris que la musique était un business pourri. Le pire peut-être. J’ai aussi compris que la plupart de mes héros étaient juste des mecs normaux qui ont commis des erreurs, fait pas mal de conneries et connu une vie de merde. »

Le deuxième album d’Holograms, Forever, est prévu pour le 3 septembre.

LE 03/08, À 22 H 30, AU MICRO FESTIVAL.

MICRO FESTIVAL, LES 02 ET 03/08 À LIÈGE. WWW.MICROFESTIVAL.BE

RENCONTRE JULIEN BROQUET

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