Spice Opera

Denis Villeneuve adapte avec bonheur Dune, de Frank Herbert, pour signer un space opera dont le gigantisme n’écrase pas la dimension humaine.

Il n’y avait sans doute que Denis Villeneuve -ou alors Christopher Nolan, éventuellement- pour mener pareille entreprise à son terme: adapter à l’écran Dune, l’ouvrage de science-fiction culte de Frank Herbert, un projet sur lequel tant Alejandro Jodorowsky (dont la vision était restée à l’état de story-board) que David Lynch s’étaient cassé les dents. À l’inverse de ce dernier, le réalisateur québécois a choisi de décliner la saga de Paul Atréides sous la forme d’un diptyque. Pas un luxe, si l’on considère la densité et la complexité de l’univers imaginé par Herbert, mais un risque néanmoins, puisque la mise en chantier du second volet était conditionnée par la Warner au succès commercial du premier épisode. Une hypothèque rapidement levée, Dune totalisant quelque 400 millions de dollars de recettes au box-office à ce jour. Le tournage de la deuxième partie a été annoncé à l’été 2022 pour une sortie en salles un an plus tard.

Il faudra donc s’armer de patience pour avoir le fin mot de l’histoire. En attendant quoi, on peut se replonger dans Dune: Part One, désormais disponible sur supports vidéo, lesté d’une pleine batterie de compléments. L’action se situe en 10191, et s’ouvre lorsque l’empereur gouvernant l’univers décide de confier à Leto (Oscar Isaac) et à la maison des Atréides, la gestion de la planète Arrakis, également appelée Dune, aux mains des cruels Harkonnen. Lesquels ont exploité sans vergogne ses réserves en « Épice », une substance qui permet les voyages interstellaires en plus d’être un puissant stimulant psychique, tout en imposant leur joug aux populations autochtones, les Fremen. S’il pressent là un piège, Leto n’a d’autre choix que d’accepter le mandat de l’empereur, a fortiori dès lors qu’il a l’intention de pacifier Arrakis et de conclure une alliance avec les Fremen. Et d’embarquer avec son fils Paul (Timothée Chalamet), sa concubine Jessica (Rebecca Ferguson), représentante de l’ordre féminin des Bene Gesserit, et ses soldats les plus fiables pour une expédition de tous les dangers. À charge bientôt pour Paul, figure messianique en devenir, de tracer son chemin au coeur du chaos…

Spice Opera

Si adapter Dune tenait de la gageure, Denis Villeneuve relève le pari avec un incontestable brio, réussissant à rendre intelligible l’univers de Frank Herbert, tout en traduisant sa richesse et sa splendeur visuelles. Pour livrer une odyssée galactique soufflante, dont le gigantisme assumé n’écrase pas la dimension humaine, incarnée, dans un mélange de fragilité et d’aplomb, par Timothée Chalamet. Quant aux enjeux politiques, environnementaux et philosophiques prêtés à l’histoire, s’ils ne sont encore qu’esquissés, l’ultime réplique du film est là pour le rappeler:  » It’s only the beginning » après tout…

Dune

De Denis Villeneuve. Avec Timothée Chalamet, Oscar Isaac, Rebecca Ferguson. 2 h 35. Dist: Warner.

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