À LA DEUXIÈME ÉDITION DU BRUSSELS CREATIVE FORUM, FIN AOÛT, FOCUS INTERVIEWE FISSA CINQ ACTEURS DU MARCHÉ DE LA CULTURE, BRUXELLOISE ET AU-DELÀ: TU FAIS QUOI AVEC TA VIE CULTIVÉE?

L’été dernier, l’événement BCF suscité par Paul Sterck -l’homme du Mirano-s’installe sous chapiteau face au Palais Royal. Le Brussels Creative Forum est né mais peine à convaincre: des stands tristounets et peu d’électricité. Ces 29 et 30 août, l’affaire bouge physiquement: bars et roulottes de bouffe en extérieur au Mont des Arts, et déménagement au sous-sol du Square Brussels Meeting Centre. Moins de camping que les tentes 2013 et davantage de fréquentation. Dans cet espace qui réseaute, Focus a fait son shopping parmi la centaine d’exposants éclectiques, de l’Atomium à Bozar en passant par la Ligue d’impro et le Théâtre 140…

Arts et publics

Jacques Remacle, 51 ans, administrateur délégué de l’asbl créée en mars 2012, milite entre autres pour l’accès gratuit aux musées le premier dimanche du mois: « C’est notre objectif dans un cadre plus large de médiation culturelle. On arrive aujourd’hui à plus de 100 musées gratuits le premier dimanche du mois à Bruxelles et en Wallonie, sur 500 à 600 endroits existants, y compris le Musée du Chicon (!): la gratuité a commencé dès 2002 au Centre de la Gravure à La Louvière. Fadila Laanan a été séduite par l’idée et a organisé le secteur. La gratuité fait augmenter la fréquentation d’environ 200-250 % par rapport à un dimanche ordinaire. Désormais, il y a une obligation légale des musées reconnus, donc subsidiés, d’entrée gratuite ce jour-là. Les risques d’effet d’aubaine -le positif nuisant aux jours payants- ne sont pas prouvés. Les sept musées les plus fréquentés au monde, hormis Le Louvre, sont gratuits. L’idée, c’est d’avoir les moyens de rendre la culture accessible dans une offre démultipliée… »

HTTP://ARTSETPUBLICS.WORDPRESS.COM

Recyclart

Ingrid Pecquet, 48 ans, directrice du lieu logé à la Gare de La Chapelle depuis quatre ans: « Reyclart a commencé en 1997 avec des fonds financiers européens, énormes: quand ils ont disparu, il a fallu s’adapter. On est l’une des rares institutions culturelles bruxelloises à être bilingue. On développe une spécificité: accompagner la culture d’une économie sociale via de la réinsertion, notamment par notre resto qui, du mardi au vendredi midi, emploie des chômeurs, mis en formation sur deux ans. On a trois autres ateliers, notamment un de construction de meubles, en collaboration avec La Cambre. Je pense que c’est l’un des chemins pour rendre la culture plus « indispensable »: elle re-rentre d’ailleurs dans les ateliers, par exemple quand l’un des apprentis-cuisiniers retrouve la passion du dessin qu’il avait perdue… Nos projets actuels sont d’abord de se tourner de « l’autre côté » de Recyclart, vers les immeubles sociaux, et puis de gérer la Gare de Bruxelles-Congrès, avec le pôle architecture. »

WWW.RECYCLART.BE

Kings Of Comedy

Cédric Vantroyen, 38 ans, s’occupe via diverses sociétés du renouveau de l’humour belge post-Frères Taloche. Notamment au Comedy Club, ouvert en avril 2012 à Ixelles: « J’ai une formation de journaliste, je travaillais dans le manga et mon futur partenaire Gilles Morin officiait chez Dragone: on a constaté que personne ne s’occupait des humoristes émergents, comme Walter ou Alex Vizorek. On a commencé à produire des spectacles et puis à développer une stratégie 360°, qui passe par le Festival Juste pour rire et l’ouverture d’un club -489 chaussée de Boondael- qui peut accueillir 80 personnes dans un mode cabaret, tables et bouffe comprises. L’entrée est généralement de 5 à 15 euros et les shows créent la rupture en mettant du glamour dans l’humour, comme si on tomorrowlandisait le genre (…). Je crois que la tendance est portée par les filles, comme Nawell Madani, Els de Schepper ou la toute nouvelle génération à la Cécile Djunga, dépassant la mode en France des « Belges de service » »…

WWW.KINGSOFCOMEDY.BE, AVEC ENTRE AUTRES NOTRE CONFRÈRE GUILLERMO GUIZ LES 09 ET 16/09.

Halles de Schaerbeek

Christophe Galent, 48 ans, directeur depuis presque deux ans de l’ancien marché couvert de Schaerbeek, vient de France et donc d’un vécu différent: « Je dirais qu’en France, il y a plus d’argent mais sans doute davantage de contraintes: ici, on peut inventer des choses, même si le public culturel est moins large. Aux Halles, j’ai trouvé une ligne de liberté et de manoeuvre assez unique, qui permet de fabriquer des événements tels qu’Europe Refresh, un salon du financement participatif (du 3 au 5 octobre) qui consiste à présenter une sélection de projets -au final, 35 sélectionnés- plutôt portés par des individus en spectacle, art, mode, design, et pour lesquels on collecte des fonds non-marchands, c’est-à-dire où il ne faut pas forcément un retour sur investissement. En 2013, à la première édition, on avait récolté 400 000 euros. Tout cela rejoint d’une certaine manière les questions traitées au commencement des Halles il y a 40 ans, le social, l’écologie, l’envie de réinventer tout cela sur des sujets d’aujourd’hui. »

WWW.HALLES.BE

Melting Park – Drohme

Au BCF, il y a forcément des réseauteurs annonciateurs de bonnes nouvelles, ainsi Michel Culot, 55 ans, administrateur délégué de VO Communication, boîte employant 50 personnes, porteur de l’ambitieux projet Melting Park: « Après une procédure de sélection menée sur plusieurs années, on a décroché l’exploitation de l’Hippodrome de Boitsfort, espace à l’abandon depuis environ quinze ans. Propriété de la Région bruxelloise, le lieu de 32 hectares va être transformé en une sorte de Meli Park de la grande époque: multi-générationnel, combinant sport, culture, nature, loisirs et même éducation. Un besoin sur Bruxelles qui n’existe pas encore: le phasage est prévu sur quatre ans avec une première ouverture à l’été 2016, l’investissement de notre part étant de six millions d’euros et l’attente publique d’environ 200 000 visiteurs payants par an. On veut ramener du vert dans la ville… »

WWW.DROHME.BE

TEXTE ET PHOTOS Philippe Cornet