ROBERT MITCHUM, RICHARD WIDMARK ET ALAN LADD ONT ÉCRIT QUELQUES-UNES DES PLUS BELLES PAGES DE L’HISTOIRE DU WESTERN. TROIS COFFRETS LEUR RENDENT HOMMAGE…

Les Géants du western

COFFRET 4 DVD ROBERT MITCHUM. COFFRET 4 DVD RICHARD WIDMARK. COFFRET 3 DVD ALAN LADD, ÉDITIONS SIDONIS. DIST: BELGA.

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Lancée en 2006, la collection « Western de légende » s’emploie à tirer de l’oubli un genre qui fit les beaux jours de Hollywood. Ainsi aujourd’hui de trois coffrets compilant une dizaine de titres sous le label « Géants du western », et rendant hommage à autant de stars de l’Ouest, Robert Mitchum, Richard Widmark et Alan Ladd. Des quatre films mettant en scène le premier, deux méritent plus particulièrement que l’on s’y arrête: L’Homme au fusil (Man With the Gun) de Richard Wilson (1955) et L’Aventurier du Rio Grande (The Wonderful Country) de Robert Parrish (1959), où Mitchum prête sa légendaire nonchalance à une errance avant tout morale. Le shériff/nettoyeur de Sheridan City n’est pas sans annoncer le Clint Eastwood de L’Homme des hautes plaines, tandis que l’aventurier écartelé du beau film de Parrish charrie avec lui son lot de mélancolie. En comparaison, La Vengeance du shérif (Young Billy Young) de Burt Kennedy (1969) et The Way West (La Route de l’Ouest) d’Andrew McLaglen (1967) apparaissent anecdotiques, même si voir Mitchum à l’écran est toujours un plaisir.

Richard Widmark, dont la postérité a retenu le rire sardonique alors qu’il précipitait une handicapée du sommet d’un escalier dans Kiss of Death de Henry Hathaway, fut aussi un charismatique acteur de western. OEuvre aux extérieurs magnifiques, La Dernière Caravane (The Last Wagon) de Delmer Daves (1956) est là pour le rappeler, où il s’avère magistral sous les traits de Todd le Comanche, tueur mais aussi seul recours d’une petite caravane face au danger imminent d’une attaque apache. Backlash de John Sturges (1956), qui l’associe à Donna Reed sur les traces de tueurs et de son père disparu, n’est guère moins intéressant. Et si l’on négligera Une poignée de plomb (1969), le film traduit bien l’évolution d’un genre passé, en deux décennies, de l’âge d’or au déclin irréversible. Le sensible et désenchanté Quand meurent les légendes de Stuart Millar (1972) en constitue d’ailleurs en quelque sorte un acte de décès, Widmark y campant un cow-boy de rodéo fatigué.

Alan Ladd est pour sa part bien oublié aujourd’hui. Un peu mièvre, sans doute, dans La Brigade héroïque (Saskatchewan) de Raoul Walsh (1954) dont l’action, mouvementée, s’inscrit dans de splendides paysages canadiens, il trouve un rôle emblématique dans l’intrigue tortueuse de Smith le taciturne (Leslie Fenton, 1948) et un contre-emploi judicieux dans Les Hors-la-loi (One Foot in Hell) de James B. Clark (1960). De quoi composer le portrait contrasté d’un acteur qui campa Gatsby bien avant Robert Redford ou Leonardo DiCaprio. A l’image des films composant cette anthologie, les compléments sont inégaux, avec des introductions passionnées et érudites de Patrick Brion et Bertrand Tavernier, et des documentaires d’un intérêt variable.

JEAN-FRANÇOIS PLUIJGERS