Difficile, et même très difficile pour certains films belges de trouver des écrans prêts à les accueillir! Prenez par exemple la nouvelle réalisation de Marian Handwerker, le drame social Combat avec l’ange. Depuis la semaine dernière, il est à l’affiche, modestement et sans être passé par la case distributeur. Il aura fallu beaucoup d’efforts au cinéaste et à son interprète principal et coproducteur Pierre Lekeux (il jouait l’infâme professeur de Strass) pour obtenir une diffusion en salles. Le second nommé explique une situation qui n’est pas unique en son genre:  » Nous entendons souvent la phrase « il n’y a pas assez de place sur les écrans ». Or ceci est faux. Il y a de la place sur les écrans et le fait de contacter directement les exploitants de salles est possible. D’ailleurs, je tiens à souligner que le film de Marian pourra être distribué en numérique sur 20 salles en France. Mais Combat avec l’ange , entièrement tourné en numérique et projeté en numérique n’est pas intéressant pour un distributeur. Pourquoi? La subvention à la diffusion, retour très appréciable vers le distributeur et le producteur d’une partie du prix du ticket, n’est valable que si votre film est projeté en 35mm. Par là-même, vous comprenez que le film suscite peu d’intérêt voire pas du tout. Les distributeurs et les exploitants de salles n’ont même pas regardé le film en DVD. Idem, n’étant pas en format 35mm, le film devait impérativement être sélectionné dans un festival de 1re catégorie, ils sont 13 (Locarno, Venise, Cannes etc. ), pour obtenir un droit de gonflage en 35mm. Ce ne fut pas le cas pour nous. Une autre solution était que nous trouvions 24 dates dans différentes salles. Or il se passe que la chose est relativement difficile à rassembler dans un temps extrêmement court. La seule solution donc pour amener notre film sur les écrans fut de prendre un chemin long, laborieux, fait de petites étapes et de petites victoires en petites victoires comme le fait d’être projeté par exemple dans des toutes petites salles comme l’Actor’s Studio et d’être invité par les exploitants de salles eux-mêmes pour des projections les jours qu’ils veulent bien nous libérer. Quelles sont donc les alternatives? Le futur de la distribution ira de toute manière, vu la crise économique et la lassitude des distributeurs, vers les films susceptibles de rapporter de l’argent. Des alternatives se profilent cependant grâce à Internet où il n’est pas rare de voir des films entiers et gratuits de différents auteurs-réalisateurs. Beaucoup ont peur de voir toute une industrie et toute une organisation du cinéma s’effondrer à cause d’Internet. Mais moi je n’en vois que les aspects positifs: une plus large diffusion des films pouvant atteindre des milliers d’internautes est certainement la seule manière pour résoudre l’équation film d’auteur-rencontre du public. Ici il n’y a pas d’intermédiaire. Il s’agit d’une véritable révolution. »

L.D.

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