Elle brille dans Le concert après avoir joué pour Tarantino, a enregistré un album de chansons et tournera l’été prochain son premier film en tant que réalisatrice!

Il n’aura pas fallu longtemps à Mélanie Laurent pour passer du statut de révélation au cercle des jeunes actrices les plus demandées de sa génération. Le Prix Romy Schneider et le César du meilleur espoir féminin avaient consacré sa performance dans Je vais bien, ne t’en fais pas de Philippe Lioret. Encore en vue dans le Paris de Cédric Klapisch, elle a ensuite intégré l’univers déjanté de Quentin Tarantino ( Inglourious Basterds) avant de rejoindre celui, non moins farfelu et savoureusement excessif, du Concert de Radu Mihaileanu. A 26 ans, la jeune actrice vit un rêve éveillé. Elle vient d’enregistrer son premier album en tant que chanteuse, et son ambition de réaliser un long métrage comme réalisatrice se concrétisera bientôt…

Dans Le Concert, vous interprétez une violoniste virtuose. Un défi technique autant qu’artistique?

Quand on est acteur, on a 1000 vies. Je n’avais pas encore vécu celle d’une musicienne, et c’est un des éléments qui m’ont donné envie de faire le film de Radu. Même si c’est uniquement le concerto de Tchaïkovski, et que c’est éphémère, le challenge fut énorme. Il restait peu de temps avant le tournage quand il m’a choisie, à peine 2 mois pour apprendre à jouer du violon, à raison de 4 heures par jour. Mais j’ai aimé cette urgence. J’ai aussi aimé, dans un film très burlesque, jouer un personnage plus froid, une corde tendue qui ne se révèle qu’à la fin être une corde sensible. Il y a dans le film tout ce que j’attends du cinéma: un vrai travail de mise en scène, de la forme et aussi du fond, car on y parle de choses profondes, de gens brisés qui se relèvent. Et du communisme dévoyé par des dictateurs. J’ai été élevé par des parents qui avaient ces valeurs-là, et qui étaient désolés de voir ce qu’on en avait fait…

Même quand vous jouez dans des films de réalisateurs excessifs, délirants, comme Tarantino et Mihaileanu, votre jeu reste en nuances, d’une sobriété qui tranche…

Même dans Dikkenek, j’étais le seul personnage « sérieux », donnant dans la retenue. C’est ce que j’ai envie d’apporter. Dans Le Concert, c’est la froideur et la fragilité sous-jacente. Et généralement, une retenue qui donne à mes personnages un peu plus de réalité dans un contexte plus délirant. Comme pour Inglourious Basterds, où tous les autres personnages sont dans la démesure, l’exubérance. Il fallait une Shoshana sérieuse, déterminée, portée par son désir de vengeance, en décalage avec les autres, comme un fil conducteur tendu. C’est comme ça que je me suis présentée aux auditions, et pour ça sans doute que Tarantino m’a prise. Après, certains ont écrit que j’étais passée à côté du rôle (rire)… Je ne pense pas l’avoir raté. Je suis dans la ligne des héroïnes de Tarantino, dont la force est intérieure et ne s’exprime que par le regard et l’action.

Ces personnages vous correspondent-ils? Reflètent-ils votre propre caractère?

A vrai dire pas du tout (rire)! C’est simplement le genre de partition que les réalisateurs aiment me confier… J’ai bien quelque gravité en moi, et je sors cette émotion sans devoir la travailler. C’est donc que j’ai cela en moi. Mais je suis très différente, dans la vie réelle. J’ai un sens de l’humour que mes amis, ma famille, sont les seuls à connaître… J’ai juste refusé des rôles plus légers, plus drôles, qui auraient correspondu à d’autres aspects de ma personnalité mais qui n’étaient pas assez intéressants, avec des scénarios inaboutis, manquant de fond. On fait des choix de carrière, mais un tournage durant 3 mois, ce sont aussi des choix de vie…

Vous avez plus d’une corde à votre arc, avec un album de chansons et un premier long métrage annoncé en tant que réalisatrice…

J’ai une chance inouïe de pouvoir embrasser si vite tout ce que je désire, créativement parlant. Cela me fait un emploi du temps de dingue, mais le plaisir est là, quasi permanent. L’album, enregistré à Woodstock, c’est une immense envie mais c’est aussi le fruit d’une rencontre, avec Damien Rice (1). Le film, je le tournerai à l’été 2010. Il parle de 2 personnes très liées, presque jumelles, dont l’une tombe dans le coma en emportant un secret… Et entretemps, début de l’année, je vais vivre une autre première fois, au théâtre, dans une pièce écrite pour moi par Nicolas Bedos, Promenade de santé. J’ai l’impression de prendre vraiment des risques avec tout ça. Bien plus en fait que dans ma carrière d’actrice, où je n’ai pas encore eu le rôle qui me pousse à en prendre, moi qui suis tout sauf une aventurière…

(1) Le compositeur irlandais de 9 crimes, ex-complice de la chanteuse Lisa Hannigan.

Rencontre Louis Danvers

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