« The Prestige Albums »

Prestige 8 CD Box Set 2606 ( Universal)

Refonte d’un coffret paru il y a plus de 10 ans, sous 2 formes différentes: un package de CD en Europe, un vrai coffret aux Etats-Unis. Cette fois, les 8 albums Prestige se voient répartis sur 2 boîtiers de 4 disques au graphisme original et selon l’ordre chronologique: le premier contient With the Modern Jazz Quartet (1951-1953), Moving Out (1954), Worktime (1955), Plus 4 (1956); le second Tenor Madness, Saxophone Colossus, Plays for Bird, Tour de Force, tous enregistrés également en 1956. Seule ombre au tableau, ce sont les versions CD des années 80 que l’on nous propose à nouveau, même si celles-ci sont d’une excellente qualité sonore. Mais glissons, vu le prix très économique auquel est proposée la chose… Sonny Rollins (né en 1930) fut et reste, même s’il s’est depuis affranchi de toute étiquette, le plus grand saxophoniste que le hard bop ait jamais connu. Il est d’ailleurs, avec les batteurs Max Roach et Art Blakey, le pianiste Horace Silver, les bassistes Charles Mingus et Oscar Pettiford, les trompettistes Miles Davis et Clifford Brown, l’un des principaux initiateurs d’un style né au début des années 50 et qui symbolise, aujourd’hui encore, le jazz tout entier. Cette évolution du be bop, offrant aux musiciens un espace de liberté harmonique et mélodique inconnu jusqu’alors, constitue par ailleurs le dernier âge d’or d’un art bientôt devancé par le rock et la pop en tant que première musique populaire occidentale. Cette décennie (1953-1963), qui va propulser Sonny Rollins au sommet de la hiérarchie musicale de l’époque et fera du saxophoniste le successeur le plus crédible de Charlie Parker (décédé en 1955), reste, dans la geste musicale toujours en cours du New-Yorkais (malgré une « retraite » de 2 ans), ses années les plus riches, dominées par une exploration constante et des rencontres intenses qui le verront enregistrer à 26 ans une série de chefs-d’£uvre intemporels -chefs-d’£uvre dont Tenor Madness, où Sonny se confronte à Coltrane sur le titre éponyme du disque, et le fabuleux Saxophone Colossus, avec des compositions telles que St. Thomas, Strode Road, Moritat (le Mack The Knife de Brecht et Weill) ou Blue 7, constituent 2 sommets indépassables et 2 manifestes du genre. Ces 8 disques, véritables who’s who du hard bop, verront le Modern Jazz Quartet l’épauler sur quelques plages; Kenny Clarke, Art Blakey, Roy Haynes, Art Taylor, Philly Joe Jones et Max Roach (par 5 fois) se succéder à la batterie; la trompette de Clifford Brown croiser celle de Kenny Dorham; Thelonious Monk, Elmoe Hope, Ray Briant, Richie Powell, Red Garland, Tommy Flanagan, Wade Legge ou Kenny Drew prendre place au piano; Percy Heath, George Morrow (le plus assidu), Paul Chambers et Doug Watkins tenir la basse. Jusqu’à Miles Davis qui, pour un morceau, I Know, figure sur l’album inaugural où il joue du… piano! l

Ph.E.

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