« Temporary Pleasure »

Laurent Hoebrechts

Distribué par Wichita. En concert au Pukkelpop, le 20/08.

Ainsi le format album serait en crise. Place aux singles téléchargés au coup par coup. Il existe pourtant une parade. Simian Mobile Disco l’avait devant son nez et ne s’est donc pas gêné: faire un disque… qui ne contienne que des tubes, ou presque. Temporary Pleasure, le deuxième album du duo anglais, roule sur 10 morceaux. Près d’un sur deux est un carton potentiel. Qui dit mieux?

Le projet électro de James Ford et Jas Shaw avait déjà épaté son monde en 2007 avec Attack Decay Sustain Release. Une sucrerie dance, qui lorgnait vers les bleeps acid house des années 90. Dans le même temps, le duo, James Ford en particulier, collectionnait les collaborations en tant que producteur: Arctic Monkeys, Peaches, Klaxons… « L’an dernier, j’ai bossé sur 7 disques différents. » D’accord, mais où trouver alors le temps pour sa propre musique? « L’avantage de cette situation est que vous ne pouvez pas vous permettre de tergiverser. Cela évacue une pression: il faut avancer. Avoir plus de temps ne vous amène pas forcément à prendre la meilleure décision. »

Entre-temps, le carnet d’adresses de SMD n’a cessé d’enfler. Pas étonnant donc de voir débouler une série d’invités prestigieux au générique de ce Temporary Pleasure: Jamie Lidell, Beth Ditto (Gossip), Gruff Rhys (Super Furry Animals)… Pourtant, l’idée initiale n’était pas forcément de fairetable d’hôte. Jas Shaw: « L’impulsion de départ était de concevoir un disque plus techno. Les deux premiers titres qu’on a lâchés début de l’année, 10 000 Horses et Synthesis , suivaient d’ailleurs cette logique. Mais on est assez versatiles: il suffit qu’on prenne une direction pour en emprunter une autre. On avait du bon matériel, mais pas le disque qui nous satisfaisait complètement. Entre-temps, on avait envoyé les bandes à 2, 3 chanteurs. On aimait le résultat, mais du coup les voix modifiaient souvent la nature du morceau. Finalement, en changeant l’un ou l’autre arrangement, on s’est retrouvé avec un disque pop. C’était dans la boîte! »

En effet plus directement pop, Temporary Pleasure risque bien de faire grincer quelques dents. Moins lubrique, SMD confirme surtout son parti pris pour une dance music décomplexée. Avec cette particularité de ne pas se réfugier derrière le sourcil ironique et distancié, comme souvent aujourd’hui. Au contraire, le duo la joue franco, le sourire spontané et sincère. Jusqu’au titre du disque, SMD ne cache en tout cas pas ses (non-) ambitions. James Ford: « On peut en effet y voir une sorte de manifeste hédoniste, mais c’est aussi l’idée que la musique, la dance en particulier, se recycle de plus en plus vite. De toute façon, le plaisir ne peut qu’être fugace s’il veut avoir un sens. Alors, comme tout cela ne va pas durer, l’important est peut-être moins le résultat que le trajet pour y arriver! »

Laurent Hoebrechts

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