Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

20.35 FRANCE 2 MINISÉRIE

UNE SÉRIE BBC, CRÉÉE PAR MARK GATISS ET STEVEN MOFFAT. AVEC BENEDICT CUMBERBATCH, MARTIN FREEMAN, RUPERT GRAVES.

Comme un air de déjà-vu, ce héros sociopathe, arrogant, terriblement intelligent. Infaillible. Comme une filiation avec Gregory House, The Mentalist, Les Experts et même Dexter. Du genre à pouvoir déduire l’alcoolisme de votre frère aux rayures sur le métal de votre téléphone portable. Elémentaire, pour ce cher Sherlock, qui ne surprend plus vraiment pour une très bonne raison: c’est lui qui les a inventés, les House, Mentalist et Dexter de ce monde. Premier sur le créneau, en 1887, il donnera naissance au fil des années -des siècles désormais- à des camions de personnages de fiction, dont l’antipathie le dispute à l’efficacité. Pour la surprise émanant des aventures contemporaines du détective privé de Sir Arthur Conan Doyle, donc, on repassera. Pour le plaisir, cependant, le 221B Baker Street est toujours la bonne adresse.

Classe

Plaisir d’abord des correspondances entre les romans d’origine et cette nouvelle série de la BBC -si cette déclinaison 2.0 se déploie de nos jours (et utilise toutes les possibilités technologiques actuelles), elle reste d’une fidélité à toute épreuve à sa version matricielle. Sherlock Holmes y accueille en colocation un médecin militaire fraîchement débarqué d’Afghanistan, le Docteur Watson, et s’adjuge ses services pour la résolution de crimes divers et variés. Comme dans l’£uvre initiale, Sherlock est un misogyne à tendance homosexuelle, profondément inadapté à la société dans laquelle il vit, insupportablement doué, bidouilleur de génie adepte d’appareils et de mécanismes censés lui ouvrir les portes des mystères.

La délectation de cette minisérie en 3 épisodes de 90 minutes est ensuite à trouver dans une réalisation des plus efficaces, où les aventures menées tambour battant du tandem Holmes-Watson prennent place dans un Londres délicatement suranné, superbement photographié. Enfin, le charme de l’adaptation de Steven Moffat and Mark Gatiss (à l’£uvre dans la série anglaise mythique Doctor Who) vient aussi de son casting. Avec un Martin Freeman ( Love Actually, The Office) délicieusement pataud dans le rôle du bon docteur, et un fascinant Benedict Cumberbatch dans celui du privé. Lesquels nous embarquent dans une jungle délictueuse aux modes opératoires d’une rare ingéniosité.

Une version qui épate par sa classe, à défaut d’éclabousser par sa singularité.

MYRIAM LEROY

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