Serena

Dès l’ouverture, on comprend que cette rousse incendiaire descendue du train n’est pas une tendre. En quelques phrases bien senties, elle a remis tout le monde à sa place, shérif compris. Nous sommes en 1930 dans une petite ville de montagne de Caroline du Nord où Pemberton, propriétaire de terrains boisés, vient avec son associé accueillir Serena, son épouse. Sont également présents le vieil Hamon et sa fille qui porte dans ses bras l’enfant de Pemberton et réclame réparation au père indigne. Après une rapide échauffourée, le vieil homme est réduit au silence et la jeune mère éconduite sans autre forme de procès. Serena va vite faire sa place dans la compagnie forestière de son mari, et ce ne sera pas derrière les fourneaux. Continuellement en selle et par tous les temps, elle harcèle les bûcherons pour qu’ils déboisent toujours plus vite, avant que le gouvernement fédéral ne transforme la région en réserve naturelle. Si vous n’êtes pas rebuté par les adaptations de romans (ici de Ron Rash), Serena est une honnête bande dessinée, au contraire de son héroïne, dénuée de tout sens moral et qui n’a aucun scrupule à parsemer de cadavres le chemin qui la mènera à ses fins. Sous la forme d’une tragédie grecque, ce western fait le récit d’une femme dont l’humanité la quitte à mesure qu’elle gagne en puissance.

Serena

D’Anne-Caroline Pandolfo et Terkel Risbjerg, Éditions Sarbacane, 216 pages.

7

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content