S’en aller

Nous sommes en 1924, à bord d’un rugueux équipage de pêche. Parmi les mousses, Carmen, sous des atours de garçon, ne ménage pas ses efforts et sa sueur pour se faire accepter. Quel coup du sort l’a conduite face à un tel ressac? Après la Première Guerre mondiale, elle était une jeune fille candide et bourgeoise dans un écrin de draps propres, de celles qu’on n’extrait de ce confort que pour les marier. Mais dans son cas, ce rituel sociétal a été tué dans l’oeuf à cause d’un fiancé très indélicat. De promise, elle est devenue stigmatisée et elle n’a eu d’autre choix que de se réinventer. Ce droit à sortir du cadre, elle le revendiquera encore à plusieurs reprises: avec son amie de coeur Hélène, véritable feu-follet, quand l’art de la danse les conduira jusqu’à Java au coeur des années 30; en pleine Seconde Guerre mondiale, quand elle choisira d’ouvrir sa porte à la résistance et d’en assumer les conséquences; à la fin de sa vie, à l’heure des bilans. En quatre moments-clés encadrés par des ellipses (de quoi permettre au texte conserver son souffle singulier, entre tensions et relâchements), Sophie d’Aubreby donne corps et gestes à cette protagoniste en quête ardente d’émancipation. Il y a autant de ventre que d’élégance dans ces pages-là.

De Sophie D’Aubreby, éditions Inculte, 288 pages.

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