égérie d’Atom Egoyan et Isabel Coixet, l’actrice canadienne campe une vibrante Elise dans Mr Nobody, le nouveau film de Jaco Van Dormael.

Un premier film – One Magic Christmas – à 5 ans, à peine; un rôle important dans TheAdventures of Baron Münchausen de Terry Gilliam, à pas même 10: Sarah Polley compte parmi ces enfants ayant grandi à l’écran, ce à quoi la destinait peut-être un horizon familial partagé entre un père acteur et une mère directrice de casting. L’actrice canadienne n’allait, du reste, pas s’arrêter en si bon chemin, démentant l’adage voulant que les enfants-acteurs aient toutes les peines du monde à confirmer. Atom Egoyan, d’abord ( Exotica et, surtout, The Sweet Hereafter), David Cronenberg ensuite ( eXistenZ), Isabel Coixet ( My Life Without Me et The Secret Life of Words), et quelques autres, encore en ont fait une comédienne emblématique du cinéma indépendant. Sans exclusive, toutefois, puisqu’on la retrouvera aussi au générique de Dawn of the Dead de Zack Snyder, la jeune femme confessant en effet un attrait tout particulier pour les films de zombies.

Jaco le héros

Rien à voir avec celui dans lequel on peut la découvrir aujourd’hui, à savoir le Mr Nobody de Jaco Van Dormael. Sarah Polley y incarne Elise, l’une des 3 femmes de Nemo Nobody, dont le film explore l’existence comme une multitude de possibles éclatés. « Le scénario était incroyable, nous expliquait-elle au lendemain de la projection officielle à la Mostra de Venise. Il était évident que ce serait un film extrêmement visuel, mais j’ai été bluffée en le découvrant. Regarder Jaco sur le tournage était vraiment étonnant: je ne pense pas être jamais capable de faire quelque chose d’aussi visuel, avec des effets spéciaux. Observer quelqu’un dont l’esprit peut fonctionner dans tant de directions différentes est fascinant. »

Encore sous le charme, la comédienne n’est que compliments pour son réalisateur d’un film: « Jaco arrive à créer un environnement d’une qualité incroyable. Sa gentillesse, sa générosité et la confiance qu’il donne font que les gens sont disposés à travailler plus dur et à prendre plus de risques qu’avec n’importe quel autre réalisateur. On peut être un grand artiste, vouloir faire quelque chose d’immense, et rester d’une extrême gentillesse, c’est une qualité que les cinéastes négligent trop souvent. »

Aussi, et même si son personnage navigue dans la douleur, ne retient-elle de l’expérience que son côté heureux. « J’ai apprécié pouvoir ouvrir cette part de moi, et nous riions beaucoup entre les prises. La première priorité était de passer un bon moment, la seconde le film. Je doutais que cela puisse fonctionner, mais j’en ai eu la démonstration: on peut mettre les gens et l’expérience au premier plan, et néanmoins réaliser un bon film. » Un précepte qu’entend bien appliquer celle qui est aussi réalisatrice – on lui doit le très beau Away from Her. « J’essaye d’envisager chacune de mes expériences comme une école de cinéma. Et Jaco s’est montré particulièrement généreux. J’ai eu beaucoup de chance dans mon parcours, mais travailler avec lui s’est révélé ma meilleure expérience professionnelle. A tel point que depuis, j’ai peur que chaque nouvelle expérience se révèle une déception en comparaison. »

Jean-François Pluijgers

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