Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Durant une dizaine d’heures, The Pacific filme la Seconde Guerre à hauteur d’homme. Et c’est à la fois grandiose, effroyable, et émouvant.

ans les bonus DVD de The Pacific, les Marines de l’époque confient qu’ils avaient abandonné l’idée que leur histoire soit un jour contée au grand public. Leur histoire: une sale guerre. Celle qui meurtrit les chairs et qui assassine les illusions. Tom Hanks et Steven Spielberg ont décidé de la porter sur écran, 8 ans après leur première production commune, l’impressionnante minisérie Band of Brothers. The Pacific n’en est ni la suite, ni l’introduction: la première s’attachait au vécu d’un régiment d’infanterie parachuté en Europe lors de la Seconde Guerre mondiale, la deuxième propose une immersion au sein d’un corps des Marines dans le Pacifique, au lendemain du carnage de Pearl Harbour. Au total, c’est une peinture ultra réaliste du plus vaste conflit armé que l’Humanité ait connu que nous propose le tandem de producteurs. Un tableau peint uniquement du point de vue américain, mais sans la moindre complaisance. The Pacific, en effet, ne glorifie pas ses héros, n’envoie pas les violons au moindre morceau de bravoure. La guerre est ici montrée dans toute son horreur (certaines scènes ont d’ailleurs de quoi soulever les estomacs), mais aussi sa banalité, sa bêtise, sa maladresse.

Epique

C’est ce soldat abattu par ses pairs qui l’ont pris pour un ennemi alors qu’il revenait d’avoir été faire pipi. Ce sont ces combattants japonais qui sont prêts à tout pour remporter la victoire -même au suicide- mais qui pleurent au moment de se sacrifier. Ce sont ces cigarettes fumées sur le compte des morts, ces dents en or arrachées, ces soldats souffrant d’énurésie à force de macérer dans la boue et le sang. C’est la guerre ordinaire. D’autant plus proche de la réalité qu’elle a été croquée en s’inspirant des mémoires de 2 Marines, Eugene Sledge et Robert Leckie. Lesquels sont les personnages principaux de la série, sous les traits du juvénile Joseph Mazzello et de l’impeccable James Badge Dale ( lire son interview par ailleurs). Autour d’eux, une foule de jeunes acteurs inconnus au bataillon, qui permettent l’identification du téléspectateur, mais aussi de faire mourir des soldats sans qu’on sache dès le départ qu’on ne sacrifiera pas la star du générique. Pas de nom ronflant au casting, pas de vedette impayable. Les 200 millions de dollars de The Pacific, on les voit essentiellement dans les reconstitutions grandioses de combats, des scènes tournées en temps réel la caméra chevillée aux corps, avec de vraies explosions et de douloureuses cascades. Les soldats-comédiens ont d’ailleurs dû s’entraîner comme des vrais pour obtenir leur sésame pour l’écran, et souffrir comme leurs aïeux.

La série n’est cependant pas uniquement épique et pétaradante. Elle est aussi bourrée d’une émotion qui tord le c£ur, d’histoires d’amour et d’amitié, et parfois même, d’humour.

Que les vétérans se rassurent: leur histoire est aujourd’hui contée, certes sans glamour, mais avec un infini respect de leur vécuà Qui reste d’une brûlante actualité. l

u The Pacific (zzzzz). Une série HBO, créée par Tom Hanks et Steven

Spielberg. Avec James Badge Dale, Joseph Mazzello, Rami Malek.

Coffret 6 DVD (ou Blu-ray). Distribué par HBO Home Entertainment.

Myriam Leroy

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