Ruines: les blessures de la guerre

© Ahmad Mojahed Attar

Des cadres urbains désolés, des bâtiments abîmés, des routes accidentées, des vitres brisées, des toits troués, des façades balafrées, des murs amputés… Si la guerre meurtrit les corps et les âmes, elle dévaste aussi les paysages. Le documentaire de Cédric Gruat (Drôle de guerre, 1945 – Le Temps du retour) commence en 1919 depuis les airs. Par-dessus une France qu’ont ravagée quatre années de conflit mondial. De l’autre côté de la frontière, 1 000 communes ont été rayées de la carte, 300 000 habitations ont été détruites ou endommagées (surtout au nord et à l’est). Le patrimoine architectural hexagonal a été encore plus frappé que les autres, comme en témoignent les images d’Arras et de Reims réduites en miettes. La Seconde Guerre mondiale sera encore plus dévastatrice. Notamment pour l’Allemagne pilonnée par les Alliés. “Écoutez ce que disent les pierres, vous saurez les horreurs de la guerre, entonnait jadis Emma Liébel, pionnière de la chanson réaliste. Gruat montre aussi Beyrouth et Alep, d’où Bachar al-Assad a chassé une partie de son peuple en rendant tout retour impossible. Une maison détruite, ce n’est pas qu’un dommage matériel, c’est un traumatisme au plus profond de l’intime. En noir et blanc comme en couleurs, ce 52 minutes se demande ce qu’il faut faire des ruines. Il questionne les usages politiques et esthétiques de la désolation et évoque les images qui servent à nourrir la haine de l’ennemi. Un docu historique qui percute l’actualité et résonne avec les reportages sur l’Ukraine au JT.

Documentaire de Cédric Gruat.

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