Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

Les épines de Rose – Un disque qui cartonne, l’amour en tête et puis, vlan, tout qui s’écroule pour la chanteuse Rose. Il fallait bien les jolies mélancolies de son 2e album pour exorciser tout ça…

« Les souvenirs sous ma frange »

Distribué par EMI.

Le calendrier des sorties peut parfois être cruel. Ces dernières semaines, sont ainsi entrés en collision les nouveaux albums de Brigitte Fontaine, Renan Luce et aujourd’hui Rose. D’un côté, la « vieille » râleuse et rageuse, de l’autre les 2 trentenaires tombés du nid, façon allo-maman-bobo. Avec un net avantage pour la septuagénaire, son verbe cru, sa poésie vindicative, ses musiques aventureuses. Mais qu’est-ce qu’ils fabriquent dans la jeune garde? Ce blues de feu de camp, cette nostalgie carambar – et on est bien placé pour en causer -, ça commence à bien faire non? C’est Renan Luce qui avoue avoir vécu sa jeunesse  » les fesses bien au chaud chez ses parents« . Après un premier essai éponyme écoulé à quelque 500 000 exemplaires, Rose ouvre elle son deuxième album en chantant:  » Un tourne-disque qui crépite au loin/Sergent Pepper sur un dimanche matin/On s’rappelle jamais trop bien/les souvenirs auxquels on tient » et d’ajouter au refrain:  » D’être grande, moi j’ai pas le cran. » ( Comment c’était déjà)… « Au plus ça avance, insiste Rose, au plus c’est le bordel. Aujourd’hui, je me rends compte que j’ai gardé tous les mauvais côtés que l’on peut se coltiner à 18 ans, tout en traînant les casseroles de trentenaire. »

De fait. Rose possède apparemment au moins cet « avantage »sur un Renan Luce: une série de gamelles et de fêlures qui cabossent ses petites mélodies aux accents folk. « C’est terrible à dire, mais quand on souffre, tout est plus simple. Dans ces moments-là, je peux coucher des pages entières de textes. En fait, j’étais très heureuse à 30 ans. C’est à 31 que tout a foiré. Avant cela, je vivais la vie dont je rêvais: être une artiste, être amoureuse, j’étais en tournée, j’allais me marier… J’étais sur les rails. Et puis…  » Et puis, bardaf, c’est l’embardée… Après 2 mois, le mariage capote, le prince charmant prend la tangente, retour à la case départ.  » Un beau conte d’fée qui s’achève/Ils n’eurent pas beaucoup d’enfants » ( De ma fenêtre)…

Prémonitoire

Un disque d’amour brisé, c’est toujours bon à prendre. Avec ces plaintes douces-amères, ces ironies forcément cruelles. « Une chanson comme Quitte-moi par exemple, a été écrite avant que tout s’écroule. C’était une blague! Un peu trop prémonitoire… «  Rose le chante en évitant le pathos, délicate mais en balançant l’une ou l’autre vérité bien sentie. Et puis, « en même temps, l’album ne tourne pas seulement autour de cette rupture. C’est là, en filigranes, mais il y a d’autres choses », relativise la demoiselle. C’est vrai. Chez moi, par exemple, est un touchant portrait de famille, le genre de tribu qui, même idéale, n’empêche pas de broyer du noir. Les souvenirs sous ma frange parle des « amours intermédiaires, ceux qu’on se crée pour survivre », tandis que J’ai 18 ans propose cet éclair de lucidite – « J’aime la vie et j’me déteste » – sur l’adolescence. A l’inverse, Qui peut dire? se projette à l’autre bout du spectre. Puisque les histoires d’amour sont comme la vie, elles finissent toujours mal. En général.

En concert le 19/12, au Botanique, Bruxelles.

Laurent Hoebrechts

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