En 1977, en Belgique, aucune firme de disques ne s’intéresse au punk. Au début, les disques anglais n’arrivent d’ailleurs qu’en import, au compte-goutte. Et la scène locale est totalement ignorée. » Né en 1956, Klaus Milian (alias Claude Milan alias le frère de Jacques Duvall) mérite l’épingle à nourrice d’or: fin 1977/début 1978, il produit quatre 45 Tours sur son propre label Romantik Records. Quatre tranches de punk en 2 giclées.  » Pour les 2 premiers singles, j’ai du emprunter 20 000 francs belges à ma mère. J’avais un peu le fantasme Malcolm McLaren: concilier le jeu et la provocation.  » Ces 2 premiers essais -la transsexuelle parisienne Marie-France et les punks bruxellois de Chainsaw- sont tirés à 1000 exemplaires chacun: 2 autres singles aussi punkoïdes leur succèdent. Le premier est partagé entre Streets et X-Pulsion, le second est signé Mad Virgins dont le I Am A Computer annonce la prochaine vague industrielle.  » J’étais déjà No Future avant le slogan, j’étais en révolte contre tout« , explique ce fils de diplomate ayant assez vite délaissé la famille. Quand il arrête l’école à 16 ans, Claude se trimballe de petits boulots en jobs de survie, profitant d’une époque financièrement clémente.  » J’avais découvert la première vague punk sixties et je fréquentais l’Open Market à Paris et son patron Marc Zermati: il fera le label Skydog et organisera le premier festival punk en France, à Mont-de-Marsan à l’été 76. J’allais aussi à Amsterdam, y croisait les provos: on fumait des pétards, on prenait de l’acide.  » Après un passage formateur à la Médiathèque de Belgique où il y découvre  » toutes les musiques« , Claude bourlingue dans les magasins Caroline, achète des bootlegs en Hollande, finit par ouvrir sa propre boutique, B-Side, au centre de Bruxelles:  » Cela n’a duré que quelques mois, les punks y passaient leurs journées en buvant des bières, c’était complètement bordélique. Un jour, la police a débarqué en demandant ce qu’on faisait exactement (rires) . Il n’y avait pas plus de 50 disques différents à vendre dans l’échoppe, les albums commençaient à peine à sortir, la comptabilité était effroyable.  » Claude ne regrette rien, sauf peut-être de ne pas avoir pu produire un disque de The Kids, trio anversois emmené par Ludo Mariman, punk le soir, docker la journée. Aujourd’hui, Claude est graphiste-commentateur dans l’excellent graphezine El Rios (www.elrios.com). Romantik Records n’a jamais été réédité, dommage: « Je n’ai jamais vu un centime de tout cela et n’ai jamais compté le moindre frais: je ne gardais pas les tickets de la STIB quand j’allais livrer les disques en métro…  » l

Ph.C.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content