Rocking Chair

La bande dessinée et le cinéma ne se sont jamais autant regardés que ces dernières années. Dans ces deux domaines, le public attentif aura remarqué un regain d’intérêt pour le western, et plus particulièrement pour les récits de migrants du XIXe siècle débarqués sur les rives du Nouveau Monde. La particularité de Rocking Chair est de s’être focalisé sur … un meuble. Arrivé avec une famille protestante, le malheureux fauteuil va être bringuebalé au gré des mésaventures de ses propriétaires successifs. Époque et situation géographique obligent, sa destinée sera plutôt mouvementée et violente. Récupéré par un trappeur sanguinaire, il va passer entre les mains d’Amérindiens, de Chinois philosophes, de cow-boys simplets… À travers la quinzaine d’années que dure cette histoire, les auteurs retracent un fragment de l’épopée qu’a été la conquête de l’Ouest. Ils nous rappellent par-là le multiculturalisme de cette nation en devenir, mais également les massacres des populations autochtones qui ont été commis. Jean-Philippe Peyraud, ici scénariste, est le chroniqueur des relations humaines. Il a laissé derrière lui ses histoires d’amours contrariées dont il s’était fait une spécialité pour dresser une galerie de portraits hauts en couleur, en crasse et en veulerie. Si le principe de prendre un meuble comme protagoniste principal n’est pas neuf, bien qu’assez rare, il peut vite tourner en rond. Peyraud, par une pirouette scénaristique, s’en sort plus qu’honorablement sans tomber dans du trop attendu. Le dessin d’Alain Kokor remplit aussi son office. Sans être un virtuose du décor, il se met entièrement au service du scénariste dans sa description expressionniste de la brochette de personnages croisés.

Rocking Chair

D’Alain Kokor et Jean-Philippe Peyraud, éditions Futuropolis, 152 pages.

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