Un demi-siècle après sa naissance, le rock continue d’occuper les écrans TV. Mais de préférence, sous forme de digest historique…

A partir du 7 juillet, la RTBF diffuse Seven Ages Of Rock, une belle série de sept épisodes consacrés à l’histoire du rock. Histoire bien évidemment compactée, mise en thèmes, mais qui impose un style, un ton, une nécessité. Qualités dignes de son concepteur, la BBC, alliée pour l’occasion à VH1 Classic, le grand frère de MTV. Ce scan d’un demi-siècle qui nous balade de Springsteen à Bowie, du punk au heavy-metal, d’Oasis aux Libertines (grande séquence dans un appart…) est éminemment regardable. Dotée d’un perspicace esprit journalistique, Seven Ages prend soin de recontextualiser chaque musique, ponctuant la carrière des Smiths d’un rappel de la grisaille de Manchester. Ou montrant combien la naissance de Black Flag (d’Henry Rollins) et de REM a aussi été une réaction épidermique au reaganisme des années 80. Lorsqu’on voit Genesis dans sa période Peter Gabriel (avec quelques images du défunt Pop-Shop de la RTBF datées de mars 1972), ce dernier apparaît comme une synthèse de la folie de Syd Barrett et de la monotonie terrifiante des banlieues anglaises middle-class.

UNE OFFRE PLUTôT PAUVRE

La musique comme traduction épidermique de son temps: les images de Dylan traité de Judas ou de Kurt Cobain saisi dans de rares moments intimes, ne sauraient vieillir. Elles continuent de fasciner parce qu’elles sont d’abord le reflet – amplifié, déformé, starifié – de nos vies. Si la série, comme à peu près tout ce que fait la BBC en matière de documentaire, est exempte de reproche, elle pose cependant la question de la place du rock actuel à la télévision. Celui qui est encore trop jeune pour susciter l’intérêt des biographes ou alimenter les rétrospectives. Sur les chaînes généralistes et non spécialisées, l’offre rock est, en effet, plutôt pauvre. Il y a Tracks (Arte) et Taratata (France 2 et 4), qui souffrent de ce défaut français qu’est le gimmick: la première pioche jusqu’à l’exaspération dans le branchouille, la seconde accorde trop d’effets à la réalisation et pèche par les interviews dispensables de Nagui… Ecueils évités dans l’impeccable Later With Jools Holland (BBC) où sur un seul plateau circulaire, s’alignent les stars à la Bowie et les tout nouveaux venus pour une captation qui privilégie d’abord les qualités de la musique… Mentionnons encore le Dé6bels ertébéen qui manque cruellement de moyens et sans doute de point de vue, pour rejoindre les classiques Folllies, Pop-Shop et Cargo de Nuit créés par le service public.

QUE FAIT LA TéLé?

Le rock ne fait-il donc plus l’événement? Si, parfois, comme dans ce documentaire allemand, Au c£ur de la nuit, diffusé récemment sur Arte. On y voit Billy Corgan, l’étoile des Smashing Pumpkins, passer quelques heures à Hambourg en compagnie d’Uli Jon Roth, guitariste des teutons Scorpions (1973-1978), mais surtout, émule spectaculaire de Jimi Hendrix. Entre les deux: une passion pour la guitare et une surprenante admiration réciproque. Un moment d’autant plus rafraîchissant que totalement imprévisible: la télé nous en doit davantage, sinon Internet aura définitivement gagné…

LA CHRONIQUE DE philippe cornet

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