Monstres désacralisés – Jon Avnet réunit Robert De Niro et Al Pacino pour un thriller new-yorkais prévisible et mollasson. Que sont nos icônes devenues?

De Jon Avnet. Avec Robert De Niro, Al Pacino, Carla Gugino. 1 h 40. Sortie: 29/10.

Equipiers depuis trente ans, Turk et Rooster, deux flics new-yorkais revenus de tout ou peu s’en faut, sont amenés à enquêter sur un tueur en série ayant la fâcheuse tendance à se substituer à la loi – appliquée d’expéditive façon s’entend. Voilà pour le pitch de Righteous Kill, qui ne se distinguerait donc d’aucun thriller de série, s’il ne s’appuyait sur la présence, pour incarner le duo, de deux authentiques mythes du cinéma, Robert De Niro et Al Pacino.

A l’inverse de Michael Mann, qui suspendait son Heat à la perspec-tive d’une rencontre longtemps différée, le réalisateur Jon Avnet joue la carte de leur réunion à plein, les laissant régner pratiquement sans partage sur l’écran. L’idée n’est pas intrinsèquement dénuée de sens: on a connu paire d’acteurs nettement moins charismatique, et sensiblement moins inspirée que celle-là. Face à un Pacino jouant joliment à l’économie, De Niro retrouve d’ailleurs un semblant de sobriété, ce qui n’est pas loin, en soi, de la… performance.

Mais voilà, le problème de Righteous Kill tient au fait qu’il s’agit là, peu ou prou, de son unique argument. Le temps, avec son cortège de films quelconques, ayant fait son £uvre, ce qui, il y a une bonne dizaine d’années, faisait encore figure d’événement, ressemble plus, aujourd’hui, à un gimmick pour ainsi dire insignifiant; sentiment conforté dès lors que le terrain de jeu proposé aux deux comédiens est loin d’être à la hauteur de leur légende.

Mortel ennui

N’importe quel quidam un tant soit peu rompu aux rouages du thriller aura en effet compris, après quelques minutes à peine, le ressort, tellement prévisible, de celui-ci. Dénué de véritable suspense, même si nullement avare en péripéties, le film n’est guère mieux servi par sa mise en scène. Paresseuse, (mais fallait-il vraiment attendre autre chose du réalisateur de Red Corner et Up Close and Personal?), celle de Jon Avnet achève de plonger le spectateur dans un ennui profond, dont vient le détourner l’un ou l’autre éclair.

Moments trop rares, cependant, pour atténuer le sentiment de gâchis émanant de ce film désespérément quelconque – au point de ne pas même oser de clin d’oeil moins appuyé que ceux, bien balisés, à Dirty Harry et à la Tribu Brady. Ne reste, au final, qu’un polar vite vu et oublié dans la foulée; sale temps pour les icônes…

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Jean-François Pluijgers

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