A l’origine, le rider n’est qu’une liste de bouffe et de boissons pour l’artiste en concert. Aujourd’hui, de la tente à oxygène aux décorations à l’indienne des loges, le rider de la star est volontiers mégalo… Comme le montre le site US thesmokinggun.com…

Le site, fondé en 1997 par deux journalistes du Village Voice new-yorkais, appartient à l’empire médiatique de Ted Turner, autrement dit à du corporate vaguement de gauche. La vocation de thesmokinggun.com est de dévoiler, entre autres, les caprices des riders, principalement ceux de la Première Division Rock. C’est drôle, parfois affligeant, souvent déconnecté du réel (voir ci-contre). Mais c’est là aussi qu’on voit que les stars souffrent, stressent et tentent de se préserver des retombées d’un succès dévorant. Dans un souci de belgitude, nous avons également fait l’état du rider avec nos prestataires locaux…

Grands crus

 » J’ai commencé en 1978 avec le concert des Talking Heads et d’XTC au Vieux St Job (une arrière-salle d’Uccle ) et la bouffe consistait en quelques tomates découpées, ou alors on ouvrait une boîte de petits pois carottes (rires). Il y avait le plus souvent des sandwichs et de la bière! De temps en temps, une bouteille de vin mais c’était presque exceptionnel« . Philippe Kopp, aujourd’hui promoteur au sein du puissant Live Nation, voit progressivement les riders se gonfler d’importance avec la staritude et les années 80:  » Aujourd’hui, il est devenu banal qu’un groupe connu exige par contrat 4 bouteilles d’une certaine marque de Champagne. Mais les tournées sont devenues de plus en plus longues, de plus en plus intenses, et le plus souvent, les groupes amènent avec eux leur propre catering, matériel de cuisine et cuisiniers. Ils nous demandent – toujours par contrat – de leur fournir un coursier qui ira faire les courses avec eux. L’idée du catering, c’est de manger comme à la maison ». Voilà pour les Anglo-Saxons, côté France, les musiciens filent volontiers dîner après concert dans un resto extérieur, même si certains frenchies ont le rider gourmand:  » Charles Aznavour a la réputation de demander des grands crus à chaque concert: il ne les boit pas nécessairement, il se contente de fournir un peu plus sa cave à vin… » Pas non plus de quoi fouetter une paire de groupies, le rock – et consorts – serait-il donc devenu banalement légal? Kopp:  » Cela doit bien faire une éternité qu’on ne m’a plus demandé des choses extra-légales (comprenez de la came…, ndlr), j’ai l’impression que les groupes s’arrangent autrement… ».

Le Bota lave plus blanc

Au Botanique, où on pratique 220 jours de concerts par an, il arrive que certains groupes demandent des « remontants » non disponibles en magasin… par e-mail! Laurence Collignon, assistante de production:  » Ce qui nous met dans l’embarras mais la plupart du temps, ils gèrent cela eux-mêmes. On est souvent après Amsterdam dans la tournée et cela se voit… ». Sinon, la routine quoi:  » En général, c’est archi détaillé au niveau marques et puis, il y a des demandes annexes, comme des cartes postales, des caleçons ou des chaussettes. Le Botanique a une parade sous forme de machine à laver et séchoir qu’on met à la disposition des groupes ». Au-delà des caprices, les demandes du rider sont aussi jugées selon le succès du groupe:  » Si le concert est complet, si on ne crève pas le plafond du budget, il est clair qu’on sera plus enclin à leur fournir, par exemple, les trois bouteilles de Jack Daniels demandées que si les préventes sont mauvaises et le groupe arrogant ». Et puis, les extravagances restent, euh, particulières:  » Mogwaï nous a demandé un poster de la Princesse Leia de Star Wars, c’était un test, on est allé sur Internet et on a printé le poster ». Banales, les bacchanales?

Texte Philippe Cornet

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