La révolution Blu-ray est en marche. Et plus rien ne devrait pouvoir l’arrêter. Plein écran sur une technologie qui achève de transformer le salon en salle de cinéma. Et dégaine pour Noël quelques grosses cartouches, comme Braveheart.

C’est un peu la Rolls des supports vidéo. Image 5 fois plus précise qu’un DVD classique, son cristallin, palette d’outils interactifs quasiment infinie. A cette nuance près que tout le monde roulera bientôt en Blu-ray. De même que le moteur à explosion a renvoyé le cheval dans les prés, la technologie Blu-ray va précipiter la chute du DVD. Pas besoin de consulter l’horoscope pour annoncer la couleur, la révolution est déjà en marche. Et si ce n’est pas encore l’avalanche de petites boîtes bleues au pied du sapin, gageons que le Père Noël, avec son flair infaillible, aura pris soin de glisser dans sa hotte quelques-uns des 700 titres disponibles à ce jour dans ce format survitaminé. Un nouveau tour de passe-passe de l’industrie pour nous obliger à mettre la main au portefeuille? Oui et non. Il faut bien sûr faire tourner les usines et contenter les actionnaires, mais le client n’est pas volé sur la marchandise. Entrer dans la dimension Blu-ray, c’est s’immerger encore un peu plus dans l’image. Luminosité éclatante, contrastes acérés, débauche de pixels… on en prend littéralement plein la vue. Surtout pour les films les plus récents, calibrés pour ce format superlatif. Pour les £uvres plus anciennes en revanche, le gain de résolution dépendra de l’état de la copie originale et de la qualité de la restauration. Mais qu’à cela ne tienne, l’attirail de bonus de première main livré avec chaque titre fera ronronner de plasir le cinéphile le plus tatillon. Autant d’atouts qui font du Blu-ray une arme de distraction redoutable. Chronique d’une ascension irrétistible.

L’entreprise Blu-rayne connaît pas la crise

Sans grille-pain, pas de toast. C’est pareil pour le Blu-ray. Sans écran HD et lecteur ad hoc, pas d’image plus que parfaite. L’évolution du parc des flat screens et des lecteurs compatibles est donc un bon indice de la conversion du public à ce nouveau standard magique. Les chiffres ont l’air trafiqués, ils sont pourtant authentiques (source: GfK) et reflètent sans détour la forte poussée de fièvre bleue de cette fin de décennie: 59 % des ménages belges équipés d’un écran plat haute définition (prévisions: 85 % fin 2010), hausse de 250 % des ventes de magnétos Blu-ray en 2009 (sans compter les PlayStation 3, également outillées pour lire les Blu-ray) alors que la courbe des lecteurs de DVD pique du nez (prévisions: 1 foyer belge sur 5 regardera ses DVD sur un appareil Blu-ray à l’horizon 2010, contre 1 sur 10 seulement aujourd’hui). La baisse constante du coût des équipements (-35 % par exemple pour les lecteurs Blu-ray ces derniers mois) devrait encore accélérer leur diffusion. Même emballement au rayon software: plus de 500 000 films en Blu-ray au prix moyen de 24,6 euros auront été écoulés en 2009 (pronostic pour l’an prochain: 1 million). Et puisque le secteur de la distribution a décidé de jouer à fond la carte bleue (cf. les actions promo alléchantes des grandes enseignes, du style 2+1 gratuit ou bon de réduction de 6 euros contre un « ancien » DVD), l’horizon semble complètement dégagé pour le nouveau standard.

Offensive sur tous les fronts

Si les blockbusters les plus récents tirent sans surprise les ventes de Blu-ray vers le haut, comme le confirme le top 5 wallon des 9 premiers mois de l’année (dans l’ordre: Batman: The Dark Knight, Quantum of Solace, Twilight, Wall-E, Hancock), le back catalogue, à savoir tous les films qui sommeillent dans les archives des studios, n’est pas oublié pour autant. Les majors jouent sur deux leviers pour faire basculer le marché du home cinema de la technologie DVD vers un format taillé pour la haute définition (la capacité de stockage d’un disque Blu-ray est en effet 5 fois supérieure à celle d’un DVD classique). D’abord, en sortant systématiquement toutes les nouveautés dans les deux formats, voire en proposant les deux versions d’un film dans le même coffret, histoire d’inciter en douce le consommateur à virer sa cuti. Et d’autre part, en exhumant des collections des productions plus anciennes, généralement de gros calibres, qui ont droit à un coup de peigne numérique (pour profiter de la définition maousse costaud du support) et à une mise en pli sous la forme de bonus à tire-larigot. Le plus bel exemple de lifting est Braveheart, fer de lance de l’offensive Blu-ray de la Fox (voir page 28), décoré pour l’occasion de guirlandes de compléments souvent inédits.

No limit

Dans l’esprit du grand public, le Blu-ray, c’est avant tout une image d’une netteté presque surnaturelle. Cette prouesse ne représente pourtant que la face émergée de l’iceberg. Véritable couteau suisse numérique, le support offre en effet un éventail de possibilités. Certaines sont déjà en service, mais à petite échelle, comme le BD-Live, qui injecte une dose de réseau social dans le système. En raccordant son lecteur au Net, pour peu qu’il soit BD-Live Ready (ce qui est le cas de 75 % des appareils), le cinéphile (un peu, beaucoup, passionnément) démultiplie les plaisirs. Il pourra ainsi télécharger des films et des bandes-annonces, consulter en direct des sites spécialisés, tchater en ligne ou encore participer à des Live community screenings, autrement dit des séances de home cinema collectives. Avec parfois l’un ou l’autre invité de marque. Ce n’est pas de la science-fiction. Le 12 décembre prochain, les propriétaires du Blu-ray Harry Potter et le Prince de sang-mêlé pourront visionner le film en présence de Daniel Radcliffe et David Yates. Enfin façon de parler. L’acteur et le réalisateur seront chez eux mais répondront en live aux questions des spectateurs. Du caviar pour les fans. La prochaine étape est déjà programmée, c’est la 3D. Tout dépendra du succès d’ Avatar le mois prochain, nous confie Reginald van Vliet, marketing manager de Twentieth Century Fox Benelux. En cas de flop, le virage 3D attendra un peu. Par contre, si le film de James Cameron fait un tabac, la machine sera lancée. On devrait alors voir les premiers téléviseurs 3D (réservés au haut de gamme dans un premier temps) et les premiers disques Blu-ray 3D (qui tourneront sur les plateformes existantes) aux alentours de 2011. Magnéto Serge!

Texte Laurent Raphaël

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