Voyage sans histoire – Après le succès inattendu de son premier album, Renan Luce enfonce le clou d’une chanson astucieuse, mais sans aspérités.

« Le clan des miros »

Distribué par Universal.

Renan Luce, c’est le coup du billet gagnant à la Loterie. Sorti en 2006, son premier album, Repenti, avait reçu un accueil de la critique d’autant plus enthousiaste qu’elle lui donnait peu de chances de dépasser le cercle des curieux. Pourtant, le disque aura lentement mais sûrement trouvé le chemin du succès. Taille XXL: 800 000 exemplaires ont en effet été écoulés. Et tout cela sans être passé par la case téléréalité ou comédie musicale. A la place, le Breton s’est contenté de parier sur ses chansons, uniquement ses chansons, dont 3 tubes au moins: La Lettre, Les Voisines et Repenti. Un exploit, une anomalie même dans le paysage musical actuel, où tant se plantent dans les grandes largeurs. Une prouesse qui lui aura même permis de rejoindre la caravane des Enfoirés – reconnaissance supplémentaire de son nouveau statut de vedette de la chanson française.

Culottes courtes

Problème: comment enchaîner après un tel triomphe? Comme souvent. On reprend les mêmes (Jean-Louis Pierot à la réalisation, le groupe de la tournée) et on creuse le sillon, à la cool, histoire d’évacuer au maximum l’éventuelle pression. Un avantage quand même: comme on est devenu une priorité pour sa maison de disques, les budgets sont là pour enregistrer les cordes dont on rêvait dans un studio londonien. Du coup, il n’y a honnêtement aucune raison de bouder ce second album si l’on a apprécié le premier. Mêmes chansons astucieusement troussées. Même ancrage dans la galaxie actuelle Bénabar – San Severino – Thomas Dutronc pour remonter vers l’héritage de Brassens. Mêmes mélodies en père peinard, bercées d’accents « folkeux » – puisque le bonhomme se revendique autant de la chanson française que de la pop anglaise. Rien à redire. Mais rien à dire non plus…

Le clan des miros est un album « charmant ». Avec tout ce que cela peut comporter d’un poil trop lisse, un poil trop gentil. Avec des chansons remplies de mots comme frimousse, billes, flaques et tirelire – pas un hasard si On n’est pas à une bêtise près est le générique du film Le petit Nicolas. Renan Luce se la joue grand garçon en culottes courtes, canaille, espiègle, mais pas vraiment méchant.  » J’suis d’cette jeunesse qu’a eu les fesses bien au chaud chez ses parents« , raconte-t-il d’ailleurs sur Ridicule. Il y a des brèches pourtant, comme dans le semi-auto-portrait Le clan des miros ( » On vit un peu tout seul/on ne voit rien venir« ), ou des rebondissements comme dans la fiction Nantes. Mais trop souvent, les chansons restent calées sur leurs rails. Il est tout à fait possible de s’en accommoder: après tout, pourquoi vouloir être à tout prix bousculé quand dehors cela tempête, quand tout craque et s’effondre en direct? C’est vrai, on n’est jamais content. C’est juste qu’on attend davantage d’un disque. Car voilà, Le clan des miros est rempli de petits récits, mais se déroule sans histoire. Dommage.

En concert le 19/11, à l’ Ancienne Belgique, Bruxelles (complet); et le 23/04, à Forest National, Bruxelles.

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