Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

20.45 BE 1

DE LARRY CHARLES. AVEC BILL MAHER.

L a religion nuit au progrès de l’humanité! » Au moins, les intentions de Bill Maher (qui porte le talk show satirique Real Time with Bill Maher sur HBO) sont claires. Dézinguer la foi (en Dieu, Mahomet, Krishna et Tartempion) via un road trip à travers les grandes villes « saintes ». Pour lui – et le réalisateur Larry Charles, responsable de Borat et Brüno -, croire est révélateur d’un désordre neurologique. Et la religion « est dangereuse parce qu’elle autorise des gens qui n’ont pas toutes les réponses à croire qu’ils les ont. » Objectif de ce pamphlet: faire sortir du bois les anti-religieux, « qu’ils arrêtent d’être timides, sortent du placard et s’affirment. » On pense aux entreprises de Michael Moore, dans ce plaidoyer pour le doute. Qui, comme les réalisations de l’instigateur de Bowling for Columbine et autre Sicko, transpire la mauvaise… foi. Son propos (en gros: « Regardez comme les religions sont débiles puisque leurs ministres et ouailles sont cons ») est déforcé par la nature de sa démonstration, composée d’entretiens avec une sacrée bande d’allumés, dont l’argumentaire est aussi pauvre que celui de Bill Maher est aiguisé. On ne trouvera donc dans ce Religulous (contraction de « religion » et de « ridiculous ») rien de consistant qui fasse avancer le Schmilblick. En revanche, si on le conçoit comme un long sketch de Maher, il y a matière à se poiler. Et solidement, en plus. Parmi les passages les plus savoureux de ce docu, cette interview du pasteur cupide Jeremiah Cummings (qui veut se faire appeler Docteur alors qu’il ne peut justifier le moindre diplôme), bagué d’or et chaussé de lézards. « Jésus s’habillait très bien », promet-il. « Il portait du lin de grande qualité! » Autre occasion de se bidonner, la visite d’un musée créationniste qui affirme que les hommes et les dinosaures se côtoyaient. Pour le prouver, il expose un triceratops sur le dos duquel est posée une selle. Encore? Maher visite un parc d’attraction chrétien de Floride, où l’on peut assister à un spectacle dansé et chanté sur la vie de Jésus, qui finit par émerger d’une reproduction ciment-crépi de son tombeau.

Le plus rigolo étant peut-être encore le maître de cérémonie de ce film lui-même, jamais avare d’un bon mot – voir par ailleurs son célèbre discours francophile délivré sur HBO. Et malgré tout parfois interpellant. Comme lorsqu’il conclut un entretien avec des camionneurs de Caroline du Nord en disant que « vivre sans dieux est un luxe de gens riches! »

Myriam Leroy

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