Regardez-moi jongler: orgueil

C’est un livre malin et drolatique, qui joue avec virtuosité au chaud et au froid. C’est un objet composite, qui s’amuse à passer du récit aux fragments, du poème au journal et du traité au carnet de voyage. C’est le nouvel essai de Laurent Nunez, écrivain dont le goût des mots et des écarts rappelle son maître en littérature: Pascal Quignard. Mais c’est aussi un des tomes d’une série de sept ouvrages publiée par le Cerf, et tout entière consacrée aux péchés capitaux de la tradition chrétienne. Là où ses comparses Céline Curiol, Cécile Ladjali, Louis-Henri de La Rochefoucault, Linda Lê, Laurence Nobécourt et Mathieu Terence ont choisi la paresse, la gourmandise, l’avarice, la colère, la luxure ou l’envie, Nunez, lui, s’est approprié l’orgueil. Mais comme il n’y a d’orgueil véritable que de la modestie, il s’amuse, dans Regardez-moi jongler, à brouiller les pistes et à tantôt singer le vrai orgueilleux, tantôt le faux modeste, dans le but, sans doute très orgueilleux lui-même, de les battre avec leurs propres armes. Il n’est jusqu’au paratexte de sa petite méditation aux faux airs d’Almanach Vermot qui se mette au diapason de la très sérieuse plaisanterie, égrenant, à la page  » Du même orgueil« , les meilleures citations de presse concernant les ouvrages précédents de l’auteur.  » Le soleil me regardait de haut, écrit-il en passant . Moi? Je refusais de baisser les yeux. »

De Laurent Nunez, éditions du Cerf, 144 pages.

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