Laurent Hoebrechts
Laurent Hoebrechts Journaliste musique

MELLOW CHILI PEPPERS – APRÈS 5 ANS D’ABSENCE, LES RHCP REVIENNENT AVEC UN NOUVEAU GUITARISTE ET UN DISQUE TROP BALISÉ POUR ÊTRE VRAIMENT CONVAINCANT.

« I’M WITH YOU »

DISTRIBUÉ PAR WARNER.

Pour leur 10e album, les Red Hot Chili Peppers comptent un n-ième nouveau guitariste. Josh Kling-hoffer remplace John Frusciante, détenteur du record de longévité à ce poste. Amusant: né en 1979, Klinghoffer avait 5 ans quand est sorti le premier disque du groupe… Tout ça pour dire: si les RHCP n’ont peut-être pas encore incorporé la catégorie des « dinosaures », ils passent bien aujourd’hui pour des vétérans. Voire des notables du rock. Leur carrière a beau sentir le soufre (drogues, provoc’ et autres excès en tous genres), le groupe s’être mis régulièrement en danger (jusqu’au double Stadium Arcadium, en 2006), leur territoire semble de plus en plus circonscrit.

More of the same

I’m With You, premier album depuis 5 ans, en est une nouvelle confirmation. Certes, on peut y trouver des intonations légèrement inhabituelles. Avec le départ de Frusciante, la basse de Flea a pris encore un peu plus de poids et d’envergure mélodique ( Factory of Faith, Ethiopia…). Cela ne veut pas dire que Klinghoffer n’a pas trouvé sa place: régulièrement, il donne à ses soli de guitare des échos à la The Edge (U2), rarement entendus auparavant chez les Peppers.

Cela ne suffit cependant pas à donner de l’importance à I’m With You, peut- être trop gourmand (14 titres tout de même). En entrée, on y croit pourtant, pendant quelques secondes au moins. Monarchy of Roses gonfle les pectos, tout en larsens et voix grésillante, avant de virer aussi sec en mode disco-funk, façon Blondie ( Atomic). Les RHCP ne sont pas à un break près, mais pour le coup, ils ont rarement sonné aussi artificiels. La suite alterne entre morceaux inutiles ( Look Around) et passages plus réussis, sans être pour autant marquants. Significatif: à l’écoute de l’album, il a fallu plusieurs secondes pour reconnaître le single, qui passe pourtant depuis plusieurs semaines sur les ondes radio…

Tout n’est pas vain. Sur Brendan’s Death Song, Kiedis trouve le ton juste, émouvant dans la retenue. Did I Let You Know prouve que le groupe peut rester lui-même et ouvrir d’autres portes (le picking de guitare à l’africaine, les cuivres, la 2e voix)… Mais trop souvent, I’m With You se laisse écouter, sans vraiment arriver à se faire entendre.

Derrière les manettes, on retrouve le légendaire Rick Rubin. Le producteur a également beaucoup compté dans la trajectoire d’un autre groupe, les Beastie Boys. Ce n’est pas le seul point commun entre les 2 formations, qui ont émergé à peu près au même moment. Aussi bien les RHCP que les Beastie Boys ont cultivé un sens de la déconne qui a fait d’eux des groupes « fun ». Une posture qui n’est pas forcément facile à tenir sur la longueur. A ce petit jeu-là, les Beastie Boys sont passés maîtres. Leur récent Hot Sauce Committee Part 2 a beau s’arquer sur les fondamentaux (au point de voir le groupe s’autoparodier dans le clip de Make Some Noise), le trio ne paraît jamais ridicule. Au contraire. Crédibles, les Beastie Boys gardent une énergie communicative. Comme quoi, il n’est pas tellement question de renouvellement. Mais bien d’élan. Sur I’m With You, on le cherche trop souvent.

LAURENT HOEBRECHTS

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