DU 10 AU 21 MAI, LES NUITS BOTA REFONT LE PLEIN DE DÉCOUVERTES MUSICALES ET DE SENSATIONS FORTES. À BUTINER SANS MODÉRATION.

On n’a toujours pas trouvé mieux pour lancer la saison des festivals que les Nuits Bota. Le 10 mai, les Ting Tings inaugureront la cuvée 2012. Ce sera alors parti pour onze jours de musique, du rock au rap, en passant par l’électro ou la chanson. Soit une cinquantaine de concerts en tout. A quelques semaines des vrais premiers défouloirs rock’n’roll sur gazon (…), les Nuits Bota restent bien la mise en bouche idéale.

Paradoxe: le premier des festivals n’en est toujours pas vraiment un. Depuis le début, il s’est acharné à cultiver sa propre identité. Impossible par exemple de prendre un pass pour la quinzaine. Le spectateur doit choisir les concerts qu’il veut aller voir. Cela n’a l’air de rien, mais en 2012, dans l’ère du zapping, du multitask et de l’écran d’ordinateur fracturé en 36 onglets, cela tient presque de l’acte de résistance. Une démarche qui illustre bien la philosophie des Nuits et de la programmation du Botanique en général: ici, on préfère toujours le petit commerce aux têtes de gondole des supermarchés. Il y a bien sûr des plus gros calibres à l’affiche. Cette année, des artistes comme Camille, Amadou & Mariam, La Grande Sophie, Charlotte Gainsbourg ou encore Dominique A, plébiscité de toutes parts, devraient titiller les oreilles du grand public, qui sera peut-être tenté de creuser dans les autres propositions des Nuits -c’est en tout cas l’idée.

Effet de serres

Question: un concert aux Nuits Botanique est-il différent d’un autre concert au Botanique? Oui et Non. Non, puisque le festival trouve refuge dans les salles habituellement occupées pendant l’année (hormis le chapiteau dressé pour l’occasion dans les jardins). Mais c’est aussi justement ce qui fait tout le luxe de l’événement. Pas question comme pour les festivals de juillet et août de se coltiner le son pourri d’une sono en plein air, parasité par les décibels de la scène d’à côté. Ici, le confort d’écoute n’est pas un discours creux. Pour autant, les Nuits ont toujours réussi à créer une certaine atmosphère. Cela tient à pas grand-chose: le décor des serres, les marches noires de monde quand les soirées se font plus douces…

Evidemment, les exceptions, ça se paie. Cas particulier dans le calendrier des tourneurs, les Nuits Bota doivent se battre de plus en plus dur pour s’y retrouver et réussir à monter une programmation cohérente. Alors que le festival s’était toujours plié en quatre pour proposer des créations (l’an dernier encore, la première du projet Congotronics vs Rockers), l’édition 2012 n’en propose aucune. Il y a bien quelques belles pièces originales (Gainsbourg et Mockasin, Spain, Dominique A rejouant la Fossette), mais aucun réel inédit. L’appendice plus classique qui opérait les années précédentes à la cathédrale Saints-Michel et Gudule a également sauté.

D’un autre côté, il devient apparemment de plus en plus compliqué de dénicher des grosses têtes d’affiche. Cette année, elles sont d’ailleurs à nouveau essentiellement françaises -Camille étant par exemple intégrée à l’affiche, alors qu’elle ne jouera que le 30 mai, une bonne semaine après la fin des principales hostilités. Une question de concurrence? Fair-play, une salle comme l’Ancienne Belgique a pris l’habitude de ne pas trop marcher sur les plates-bandes du Bota pendant son festival. Une question de calendrier alors, coincé entre le début d’année et les premiers gros événements de l’été? Peut-être. Une question d’argent aussi? Sans aucun doute. Le refrain est désormais connu: les cachets des artistes ont explosé ces dernières années. Du coup, cela fait d’autant plus de place pour les groupes « émergents », comme on dit dans les ministères. Ils sont ainsi de plus en plus nombreux à débouler, avant même d’avoir sorti leur premier disque, à peine un EP: les New-Yorkais de Friends, le Français Lescop, l’Anglaise Lianne La Havas (lire son portrait page 44), etc. Une véritable aubaine pour les oreilles curieuses. En attendant, la man£uvre reste un pari. Paul-Henri Wauters, le programmateur du Bota, le sait très bien: le succès d’un événement comme les Nuits repose aussi sur un équilibre entre nouveaux venus et noms plus évidents. A voir donc le bilan en fin de parcours. D’ici là, pas question de bouder son plaisir, comme le montre notre sélection des concerts à ne pas louper.

TEXTE LAURENT HOEBRECHTS

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