Association privilégiée, le couple de cinéma brille d’un éclat tout particulier à l’écran.

Avec six films en commun, et d’autres sans doute encore à venir, Johnny Depp et Tim Burton composent aujourd’hui l’un des couples de cinéma parmi les plus inspirés. C’est là un cercle restreint, mais pas dépeuplé pour autant, tant l’histoire du septième art est jalonnée d’associations emblématiques et fécondes entre réalisateur et acteur ou actrice-fétiche (relations qui, à l’occasion, auront débordé le cadre étroit de l’écran).

Sans remonter jusqu’aux temps héroïques, et à la collaboration entre D.W. Griffith et Lillian Gish, un exemple parmi les plus fameux est bien entendu le couple Sternberg-Dietrich, le premier s’employant, à partir de L’Ange bleu, en 1930, à façonner la seconde, pour en faire, en quelques films extravagants, l’un des plus durables mythes du cinéma. Autre mythe, autre association, quoique moins flamboyante celle-là: s’il est aujourd’hui un réalisateur pratiquement oublié, Clarence Brown fut pourtant l’un des artisans essentiels du personnage Garbo, signant quelques-uns des plus beaux films de « La Divine », comme Flesh and the Devil, Anna Karenina ou encore Conquest.

FORTUNES DIVERSES

Sans nécessairement tutoyer comme ceux-là le firmament, d’autres couples de cinéma consacrent la rencontre privilégiée entre un metteur en scène et l’incarnation idéale à l’écran de son univers. On songe, par exemple, à Toshiro Mifune pour Akira Kurosawa. Ou aux associations de ce type dont regorge Hollywood à son âge d’or: John Wayne et John Ford, qui tournèrent un nombre incalculable de films ensemble à partir de Hangman’s House, en 1928; Humphrey Bogart et John Huston, régulièrement associés dans la foulée de The Maltese Falcon; Errol Flynn et Michael Curtiz alignant de formidables films d’aventures; Henry King recourant à Tyrone Power, d’abord, Gregory Peck ensuite… Ou encore James Stewart, qui réussit à devenir tour à tour l’interprète incontournable de réalisateurs aussi différents que Frank Capra, Anthony Mann et Alfred Hitchcock.

Hitchcock fut moins heureux dans sa quête de l’actrice fétiche qui aurait été l’incarnation définitive de la blonde hitchcockienne, icône de son cinéma. Ingrid Bergman s’en alla pour former avec Roberto Rossellini l’un des plus célèbres couples de cinéma; Grace Kelly préféra aux paillettes de Hollywood celles de Monaco…

Fantasmés ou non, d’autres couples réalisateur – muse/comédienne garnissent toutefois l’imaginaire cinéphile: Judy Garland et Vincente Minnelli, Monica Vitti et Michelangelo Antonioni, Anna Karina et Jean-Luc Godard, Giulietta Masina et Federico Fellini, Gong Li et Zhang Yimou sont quelques-uns de ceux dont la relation brilla d’un éclat tout particulier à l’écran.

On adjoindra à cette galerie subjective la paire Truffaut-Léaud, qui n’en était pas vraiment une, tant le second était en fait le double du premier. Ou son pendant contemporain, celle que forment Tsai Ming-liang et Lee Kang-sheng. Sans oublier, naturellement, les couples Almodovar-Rossy de Palma ou Scorsese-De Niro, qui composa une inoubliable partition new-yorkaise en sept mouvements, se confondant là avec un pan entier de l’histoire du cinéma américain.

JEAN-FRANçOIS PLUIJGERS

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