Julien Broquet
Julien Broquet Journaliste musique et télé

AIDÉS PAR PATRICK CARNEY, LE BATTEUR DES BLACK KEYS, ET THOMAS BRENNECK, LE BRAS DROIT DE CHARLES BRADLEY, LES BLACK LIPS ONT LE SOURIRE ET GARDENT LA FORME.

Black Lips

« Underneath the Rainbow »

DISTRIBUÉ PAR VICE/WARNER.

7

« Considérant l’effet puissant des odeurs sur les émotions et la mémoire, les Black Lips ont travaillé avec une équipe de scientifiques olfactifs pour produire une senteur spécifique au groupe qui sera disséminée pendant la durée de leur set, et qui évoquera, entre autres arômes, l’océan, le cèdre, la lune, le denim, l’encre de seiche, le feu, et la semence (mais seulement si l’homme s’est nourri de prunes fraîches pendant une semaine). »

On le savait. Les Black Lips n’ont pas toutes leurs french fries dans le même paquet. Avant de se lancer dans une tournée en odorama et de jouer les John Waters du garage (le réalisateur avait accompagné en 1981 son film Polyester de cartes à gratter libérant des odeurs de pizza, de colle, de marijuana et d’excréments) avec ce qu’ils ont intitulé leurs « scented shows », les apprentis Jean-Baptiste Grenouille déboulent avec un septième album à leur image: bordélique, jouissif et moins pop que son gentil mais toujours recommandable prédécesseur.

Après avoir filé les manettes d’Arabia Mountain à Mick Ronson, les déglingués d’Atlanta ont confié la production d’Underneath The Rainbow à un Black Keys. Pas au guitariste Dan Auerbach, qui a déjà salopé assez de disques comme ça et avait de toute façon à faire sur le nouveau Lana Del Rey, mais au batteur Patrick Carney.

Mick Rock, Mastodon et Deerhunter…

Ronflant, le casting du nouveau Black Lips s’apparente à un mini Who’s who. Partiellement enregistré avec Carney à Nashville, aux Blackbird Studios, ce nouvel album a aussi été confectionné à New York, et plus précisément à Brooklyn, au Dunham Studio. Et pour cause: quatre de ses titres ont été produits par Thomas Brenneck, fondateur du Menahan Street Band, membre notamment des Dap-Kings chers à Sharon Jones et d’El Michels Affair, puis aussi fidèle complice de Charles Bradley. Il a été mixé par Jimmy Douglass (Stones, Roxy Music, Snoop Dogg, Justin Timberlake, Björk…) et utilise des visuels du photographe Mick Rock (Bowie, Queen, Lou Reed)… Bling bling? Un peu. Mais surtout sur papier. Quelques-uns des meilleurs titres de l’album ont d’ailleurs été coécrits avec des invités: Brent Hinds de Mastodon (Make You Mine), le chanteur Curtis Harding (I Don’t Wanna Go Home) ou encore le chasseur de cerfs Bradford Cox (Dog Years).

Si son Budos Band a donné un petit coup de main, Brenneck n’a pas transformé les Black Lips en un gentil groupe de soul aux yeux bleus. Le guilleret Smiling raconte une nuit passée en prison par le bassiste Jared Swilley. Do The Vibrate décrit de manière plutôt furieuse la dépendance au smartphone… Puis, il n’y a définitivement que les Black Lips, floches à l’air et sourires en coin, pour intituler Underneath The Rainbow (En dessous de l’arc-en-ciel) ce qui est sans doute leur disque le plus sudiste (Justice After All, Boys In The Wood). Eternels sales gamins.

LE 03/06 AU BOTANIQUE ET LE 14/08 AU PUKKELPOP.

JULIEN BROQUET

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