Les séries télé ressassent toujours les mêmes thèmes. Focus vous les dévoile tout au long de l’été. Cinquième étape: les séries médicales. Ca va faire mal…

A défaut de nouveautés véritablement renversantes, on ne sera sans doute pas loin de se résoudre à dire que 2009 aura été l’année de la mort d’une des séries populaires les plus endurantes de notre ère télévisuelle: ER ( Urgences, pour la version française) ayant mis la clé sous le paillasson au printemps après 15 saisons de loyaux (à défaut d’être toujours bons) services. La fin d’une époque. Ou peut-être pas. Car dans l’univers aseptisé des blouses blanches, les succédanés ne manquent pas…

Les origines du genre remontent en fait aux sixties. Décennie qui a vu naître General Hospital, le plus vieux soap diffusé par ABC (il est toujours en production aujourd’hui!). Celui qui a popularisé le concept de super couple, et qui témoigne sans doute plus que tout autre des limites d’un genre – la série médicale – peu enclin au renouvellement en même temps que de son indéniable efficacité sur les foules. Car le concept de fiction en milieu hospitalier cartonne et semblait dès l’origine voué à connaître de multiples déclinaisons. Ces vingt dernières années, en effet, les médecins ont envahi le petit écran. De Doogie Howser, M.D. ( Docteur Doogie) à Grey’s Anatomy et son spin-off Private Practice en passant par Chicago Hope, ER, et autres épigones s’inscrivant un poil plus dans la marge ( Scrubs, Nip/Tuck…). Sans même parler d’une poignée de productions européennes, parmi lesquelles on retiendra l’inénarrable Die Schwarzwaldklinik ( La Clinique de la Forêt-Noire), en Allemagne, le récent L’Hôpital, voire H, en France, ou le fantastique The Kingdom (£uvre tout à fait à part dans le domaine à vrai dire) de Lars von Trier, au Danemark. Une véritable invasion, donc.

A tel point qu’ils sont légion, aujourd’hui, les apprentis médecins avouant avoir vu naître leur vocation devant le poste de télévision. Voilà qui a assurément de quoi faire peur, tant il est vrai que réalisme et vraisemblance semblent être le cadet des soucis des scénaristes du genre. Tirant le meilleur profit de notre hypocondrie plus ou moins latente ainsi que de nos irrépressibles angoisses de mort, les séries médicales se permettent le plus souvent d’aligner éhontément les pires clichés collant au milieu hospitalier: des médecins beaux, compréhensifs et sexys déblatérant par logorrhées vertigineuses des termes spécifiques tout à fait incompréhensibles pour le commun des mortels, de l’action trépidante en permanence et à tous les étages boostée à coups de travellings délirants à travers d’inévitables longs couloirs blancs, une émotion et une sensiblerie à fleur de peau partagées par tous avec une ferveur et dans un esprit de communion dignes d’une grand-messe populaire…

Mollesse chronique

Et la valse continue… Ainsi de Nurse Jackie, nouvelle série du réseau Showtime ( Weeds, Dexter, Californication) s’attachant au quotidien d’une infirmière pas comme les autres (Edie Falco, mémorable épouse de Tony dans The Sopranos). Du moins est-ce l’argument du show… Jackie, en effet, trompe sans aucun scrupule son mari aimant avec qui elle a deux charmantes gamines, prend quantité de drogues pour tenir le coup, est irritable, rancunière, vulgaire à l’occasion. Hélas, le trouble n’est que passager, car sous tous ses vices palpite évidemment un c£ur d’or, irriguant de bonté une véritable âme d’ange gardien. Avec tout ce que cela suppose d’extrême pa-tience, de bienveillance par camions et d’empathie aussi profonde qu’irréaliste. En bref, et à l’instar d’un Dr House notamment, sous la couche, superficielle, de piquant affichée ostentatoirement par le show, se révèle bien vite le même bouillon fadasse aux vertus lénifiantes auquel on ne nous a que trop habitués.

Constat plus accablant encore pour l’autre nouveau venu du genre, Hawthorne, série TNT emboîtant le pas de l’infirmière en chef d’un grand hôpital (Jada Pinkett Smith) et affichant un encéphalogramme désespérément plat. Sa mécanique de narration n’impressionnant ponctuellement que par sa totale insignifiance et son sens, inné semble-t-il, de la redite.

Deux séries ayant vu le jour ces dernières semaines sur les écrans américains qui cristallisent l’essoufflement profond d’un genre tellement rabâché qu’il tourne à vide. C’est grave, docteur? Pas de quoi en faire une maladie, certes. La migraine, par contre, n’est jamais très loin…

Nicolas Clément

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