Queue de phoenix

ENTRE FUREUR SANGUINAIRE ET CARTE POSTALE DÉCONTRACTÉE, FINAL FANTASYXV RENAÎT DE SES CENDRES ET RENOUE AVEC L’ESPRIT D’UNE SAGA QUE L’ON PENSAIT PERDUE.

Final Fantasy XV

ÉDITÉ ET DÉVELOPPÉ PAR SQUARE ENIX, ÂGE: 16+, DISPONIBLE SUR PLAYSTATION 4 ET XBOX ONE.

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Etouffer le vain vacarme des réseaux sociaux, glisser en mode avion et oublier le fil de ses horaires. Evénement de cette fin d’année, Final Fantasy XV compresse le temps. Quatre heures de jeu y filent comme dix minutes. L’aube se lève. Les rides s’oublient. Le phénomène n’a pas dépassé les cinq millions de copies (écoulées au premier jour de sa sortie) par hasard. Passant désormais à la formule du monde ouvert, le jeu de rôle fétiche de Square Enix -30 ans déjà!- répare les gaffes de ses récents prédécesseurs boursoufflés et très lents à démarrer.

Kilt, cuirs noirs et autres gants à paillettes argentées habillent Noctis, Gladiolus, Ignis et Prompto. Cousins improbables d’un Nicola Sirkis et d’un Tokio Hotel de 2007, les quatre protagonistes dont on voudrait rire se montrent, contre toute attente, attachants. Par touches intelligentes, la psychorigidité et la candeur idiote respectives d’Ignis et de Prompto sont malmenées. Prince orphelin sur la voie d’un mariage contrarié, Noctis maugrée parfois comme un enfant gâté pour mieux se prendre des claques. Les couches narratives s’empilent comme les missions. On s’installe confortablement dans le monde d’EOS.

Six divinités légendaires à réveiller, un empire à vaincre et des paysages à couper le souffle. Plus vaste et fantastique qu’un Jurassic Park, le monde ouvert gothique, futuriste et paléolithique de Square étincelle. La cohabitation de l’armée hyper technologique de Niflheim et de forces magiques incommensurables fascine. Certes, les déplacements en voiture d’une mission à l’autre sont laborieux. Le GTA-like volontairement bridé (oubliez les accidents et le hors piste) se rattrape via de longues explorations de labyrinthes aux détours piégeurs, sans sauvegarde possible.

L’air, l’action, la vie

Redonnant du sens au terme game over, Final Fantasy XV s’adosse à un système de combat en temps semi-réel furieusement efficace. A tout instant, l’action peut se figer pour prendre le temps de cuisiner la bonne magie ou analyser les faiblesses d’un adversaire. On court puis on se téléporte en hauteur sur certains points d’accroche pour recharger sa magie et lancer une attaque air-sol contre un crabe géant ou un blindé militaire. Mille autres subtilités, comme une barre de vie dont le maximum diminue si on ne la soigne pas, enrichissent les débats.

Les joutes de Final Fantasy souffrent parfois d’une caméra aux placements chaotiques ou d’un système d’armement et de magie trop simplifié, mais le titre jongle avec talent entre des phases de fureur ultime et d’apaisement incroyable. D’un campement à la montagne où rôtissent de succulentes brochettes à un restaurant sur pilotis où l’on dégustera un crabe à l’étouffée, l’odyssée multiplie les cartes postales Club Med. Parties de pêche, personnalisations de Chocobos et autres tris de photos en fin de journée ne sont toutefois pas que cosmétiques et gonflent indirectement les capacités du quatuor. Ou comment reculer pour mieux avancer…

MICHI-HIRO TAMAÏ

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