Pendant dix jours, du 7 au 18 mai, les Nuits du Bota vont éblouir les curieux, les branchés, les fêtards, folko, belgo ou encore francophiles. Parcours fléché.

WORLD

L’Europe de l’Est, le Moyen-Orient, l’Afrique, l’Amérique du sud… Le Bota fait le tour du monde. Il organise d’ailleurs ce printemps sa première Nuit des Balkans. En tête d’affiche: le bien nommé Balkan Beat Box. Deux Israéliens issus de la scène underground new-yorkaise. Un mélange de hip-hop, d’électro et de musiques traditionnelles. Un groupe pour lequel ouvrira Mahala Raï Banda, Notre Orchestre du Ghetto en français dans le texte. Des artistes venus de la banlieue tzigane de Bucarest.

Le Botanique prendra également pendant son festival annuel les couleurs de la Jamaïque. The Disciples mixe le reggae roots et les sonorités digitales typiques du dub. Il se produira avec Jonah Dan. Célèbre MC, percussionniste entre autre d’Alpha & Omega. Joueur de bongo le plus sollicité d’Europe.

Activistes, les Toulonnais de No More Babylon rappellent les productions anglaises des années 80 et seront accompagnés d’Earl Daley. Originaire de King-ston, Earl 16, son nom de scène, est l’un des chanteurs roots jamaïcains qui aime flirter avec l’électro, la techno, le trip-hop…

On s’en voudrait de ne pas présenter le concert de clôture du festival: Sonic Cathedral. Un événement coproduit par Les Nuits et Le Printemps de Bourges. Le trompettiste libanais Ibrahim Maalouf y batifolera avec l’ensemble de cordes Musiques Nouvelles et les sonorités électroniques de Murcof. Le monde est à vous.

FOLK

Festival d’intérieur, les Nuits Botanique prennent l’air… L’air du temps. Puisqu’on vit une année folk, la programmation du Bota l’est tout autant. Confirmations et révélations… Elle offre un sacré coup de projecteur à la jeune scène française. Syd Matters, dont le troisième album Ghost Days sortait en janvier dernier, ferait presque figure de vétéran. Si la douce Emily Loizeau et l’acerbe Constance Verluca font honneur à la langue de Gainsbourg, leurs contemporains préfèrent celle de Dylan, Neil Young et Nick Drake. A commencer par The Do, sensation pop folk de ces derniers mois, un peu décevante sur scène, dont la batterie est composée d’ustensiles de cuisine. Prenez-en bonne note. Le duo franco-finnois s’est déjà installé jusque dans vos téléviseurs et accompagne le spot publicitaire des Cahiers Oxford. Cocoon nous semble encore meilleur élève. ça tombe bien. Mark Daumail et Morgane Imbeaud viendront également interpréter quelques morceaux de leur premier album My Friends all died in a plane crash et partageront leur affiche avec les Franco-Américains de Moriarty.

Pour peu, on en oublierait l’Israélienne Yael Naim et les célèbres CocoRosie. C’est d’autant plus condamnable que, comme Venus et Neil Hannon avant elles, Bianca et Sierra Casady se produiront en compagnie du Mons Orchestra. Une soirée (ça ne gâche rien) ouverte par le psychédélique et l’imprévisible Quinn Walker. Les Femmes s’en mêlent rassembleront pour leur part Scout Niblett, entre Cat Power et PJ Harvey, et la fort délicate Marissa Nadler. N’en jetez plus, la coupe est pleine. Elle déborde même avec les chansons ensoleillées de Thao et les copains de Devendra Banhart que sont les Vetiver. That’s all folk!

indie

Le Botanique joue la carte de l’alternatif. Pas, ou peu, de noms ronflants mais du nez et des habitués qui feront que vos Nuits soient douces. Douces ou électriques. Aventureuses et éclectiques. Annoncé tardivement, le concert de Vampire Weekend, sensation indie de ce début d’année, constituera l’un des points d’orgue du festival. Avant de pointer ses guitares africaines sur la plaine de Werchter, le combo new-yorkais, héritier des Talking Heads et de Paul Simon, viendra présenter son premier disque à l’Orangerie. Un gig qui promet. D’autant que le jeune fRYARS se chargera de chauffer la salle. Le songwriter britannique n’a jusqu’ici sorti que 2 EP’s mais ils lui ont suffi à convaincre. Une voix saisissante, des arrangements électroniques et de véritables pop songs. Assurément un artiste en devenir. Les Nuits seront aussi l’occasion pour les foufous Of Montreal de donner leur premier concert en Belgique. Pour Black Moutain d’hypnotiser le public bruxellois avec son rock psychédélique. Et pour les Dirty Projectors de proposer une relecture très personnelle du Rise Above cher à Black Flag. On craque encore pour le rock brut d’Archie Bronson Outfit, le folktronica et les bruitages de Tunng, le hip-hop très pop de Why et les compositions particulièrement captivantes de Phosphorescent. Un Brooklynien renversant, en solo, lors du festival Domino.

chanson française

Les Nuits du Bota ne sont pas les Francofolies de Spa. Bien que ces dernières lorgnent de plus en plus du côté des premières, programmant des petits Belges qui chantent en anglais comme The Tellers et Joshua. Les Noctambules n’en auront pas moins l’occasion d’applaudir quelques illustres défenseurs de la chanson française. Ils pourront répondre à L’Invitation d’Etienne Daho. Boire un verre (on ne va tout de même pas le laisser picoler tout seul) en écoutant l’incorrigible Daniel Darc. Ou encore se faire plaquer par le Chabal de la chanson, en l’occurrence Sébastien Tellier. Ce personnage haut en couleur défendra les chances de la France lors du prochain concours Eurovision. Seul le cul l’intéressant (c’est lui qui le dit), le Parisien a conçu son dernier disque comme une odyssée sexuelle avec pour assistant Guy-Manuel de Homem Christo, soit la moitié de Daft Punk. Punk is not dead. Pour preuve, le grand retour de Marie France, icône parisienne des seventies accompagnée par Jacques Duvall et notre compatriote Benjamin Schoos alias Miam Monster Miam.

Précurseurs du courant néo-réaliste, chanteurs engagés, mélange de Brel, Brassens et des Négresses Vertes, les Têtes Raides fêteront leurs 20 ans aux Nuits. Vous pourrez aussi retrouver Albin de La Simone, un ancien collaborateur de Jean-Louis Aubert et Alain Souchon, qui mêle les textes loufoques et les mélodies entraînantes. Il se partagera La Rotonde avec les murmures et cris de Berry, nouvelle venue dans la chanson française, sorte de Françoise Hardy des temps modernes.

belge

La scène belge, c’est un peu comme le monstre du Loch Ness. On en parle partout. On s’interroge à son sujet mais on reste plus que dubitatif quant à son existence. Si pour les labels, elle représente, en même temps qu’une chimère, une belle opportunité de vendre ses artistes en package à l’étranger, pour le Bota, elle constitue une philosophie. Un principe même de programmation. Pendant les Nuits, comme durant l’année, les musiciens du pays occupent une place privilégiée sous les coupoles. A côté des installés Girls in Hawaii, de Hollywood Porn Stars et de Tim Vanhamel, le festival printanier joue le rôle de tremplin. On pense à Carl, récent vainqueur du concours musique à la française, avec ses textes étranges, ses beats décalés, ses vidéos et ses projections de dessin animé. On a aussi un £il, ou plutôt une oreille, sur Tangtype. En duo à la scène comme à la ville, Julie Cambier et Jean-François Brohée ont récemment sorti Flake Out. Un premier disque aux intéressantes expérimentations électroniques. Dans un tout autre style, James Deano, Le Fils du commissaire, sera l’ambassadeur du rap national. Suarez représentera le label 30 Février (Saule, Eté 67, Saint-André). Les Gantois The Germans feront découvrir un album mixé par Boris Wilsdorf (Nick Cave). Les Bruxellois de Nestor!, lauréats en 2006 de Puredemo, croiseront britpop et post rock. Tandis qu’a Mute dévoilera quelques extraits de son album à venir.

Notre coup de c£ur? Elvis’ Ghettoblaster. Fils spirituels de Frank Black (Pixies) et de Stephen Malkmus (Pavement), les Bruxellois assureront la première partie de Coming Soon au Witloof Bar. Gigantic…

Le programme détaillé est disponible sur www.botanique.be

TEXTE JULIEN BROQUET illus guy vandevoorde

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