Dans le feu de l’action.
Dans le feu de l’action – 22e épisode de la série, Quantum of Solace consacre la mue de 007 en héros de son temps, sacrifiant le mythe à l’action dans son combat contre le mal.
De Marc Forster, avec Daniel Craig, Mathieu Amalric, Olga Kurylenko. 1 h 46. Dist: Fox.
Deuxième aventure de James Bond version Daniel Craig, Quantum of Solace vient poursuivre le mouvement amorcé avec Casino Royale, une mue visant à faire de 007 un héros de son temps. Et privilégiant à ce titre l’action pure au détriment du mythe, n’en déplaise aux amateurs de frivolités et autres gadgets, désormais rangés au rayon des accessoires désuets.
La trame de ce 22e épisode s’inscrit d’ailleurs dans le prolongement direct de son prédécesseur, le combat de Bond y étant ouvertement sous-tendu par sa volonté de venger Vesper Lynd, qui s’est sacrifiée pour lui au terme de Casino Royale. On retrouve donc 007 traquant les responsables de sa mort, pour être bientôt aux prises avec une nébuleuse criminelle aux ramifications et terrains d’action multiples, organisation dont le leader, l’énigmatique Dominic Greene (Mathieu Amalric) est passé maître dans l’exploitation d’un contexte géopolitique flou pour mener à bien ses peu avouables entreprises.
Desseins individuels et perspective générale se confondent donc dans un film en prise sur son époque et ses enjeux environnementaux, notamment. A quoi Quantum of Solace ajoute une manière musclée et un tempo soutenu, alignant les scènes trépidantes et les montées d’adrénaline, pour ne concéder à la mythologie qu’une formidable citation de Goldfinger par Bond-girl interposée. Le résultat, s’il laissera les tenants d’une stricte orthodoxie bondienne quelque peu dubitatifs, n’en est pas moins une fort efficace réussite, au terme de laquelle Bond aura traversé les âges pour se poser en concurrent crédible d’un Jason Bourne, par exemple.
Une touche d’exotisme
Mission accomplie, donc, pour Marc Forster, le réalisateur que l’on n’attendait pas – on est loin, en effet, de Monster’s Ball et autre Kite Runner -,mais qui en termine ici avec brio de la mutation de l’agent secret le plus célèbre de Sa Majesté. On les retrouve, naturellement, lui et Daniel Craig, au gré des compléments qui font surtout la part belle aux décors du film. Et pour cause: Quantum of Solace est l’épisode de James Bond ayant été tourné dans le plus grand nombre de pays différents. La production s’est ainsi arrêtée, en plus des inévitables studios de Pinewood, au Panama (pour les scènes… boliviennes et haïtiennes), au Mexique (pour l’époustouflante poursuite aérienne), en Italie, en Autriche et au Chili – de quoi conférer au film cette touche d’exotisme qui est aussi la marque de Bond, tout en faisant des rues de Sienne ou du désert d’Atacama des personnages à part entière de l’histoire.
Autre temps fort de ces suppléments: les mini-portraits de 32 techniciens du film, du chef-opérateur à une maquilleuse en passant par un pilote d’hélicoptère, qui expliquent à tour de rôle leur fonction sur le tournage. Et composent, ce faisant, un envers du décor passionnant… l
Jean-François Pluijgers
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