Q-Tip top – Après neuf ans de disette, l’ancien membre d’A Tribe Called Quest sort un second disque solo. Le meilleur album hip-hop de 2008?

« Renaissance »

Distribué par Motown/Universal.

D’abord, un fait: Q-Tip, né Jonathan Davis (New York, 1970), n’a jamais dû sortir un seul mauvais disque. Que ce soit au sein d’A Tribe Called Quest, formation culte de l’histoire du rap ( lire plus bas). Ou dans la foulée, avec son premier effort solo, Amplifier, sorti en 1999. On est quasi 10 ans plus tard, et ce n’est toujours pas aujourd’hui qu’il va commencer. Comment s’y prend-il? Allez essayer de définir la classe et l’élégance. On n’a pas dit le chic ou le raffinement précieux. Mais plutôt une prestance naturelle et humble. Tout cela, Q-Tip l’a, avec le sens du jeu en plus.

Pourquoi alors avoir dû attendre si longtemps ce Renaissance? En 2003, les premières copies de Kamaal The Abstract, première suite annoncée à Amplifier, avaient pourtant été envoyées aux journalistes. Las, la maison de disques ne sortira jamais l’album dans le commerce… Q-Tip enchaînera alors les labels. Sans résultat. Les coups durs s’accumulent. Son meilleur ami, et manager, est assassiné. Son mentor Weldon Irvine – artiste charismatique qui touchera aussi bien au jazz qu’au funk, à la soul… – se suicide. En 2006, le producteur J Dilla, autre compagnon de route, est lui emporté par la maladie. On retrouve ici sa patte derrière l’impeccable Move.

Terrain de jeu

A partir de là, Q-Tip aurait pu pondre un disque amer, rempli d’une colère justifiée. A la place, il entame les débats en rappant:  » It’s up to me to bring back the hope/ The feeling in the music that you can quote ».  » C’est à moi de ramener l’espoir« … Q-Tip relance donc son groove liquide, entre grésillement jazz et feulement soul. Son génie a toujours été de mélanger sens de l’expérimentation (il sample les Allemands de Can sur Manwomanboogie) et accessibilité. Combien sont ainsi capables d’élargir leur spectre sans se perdre? Tout en restant dans les limites du genre, il donne à son rap une évidence, une limpidité qui rassemble au-delà du public hip-hop de base, à l’image du single Gettin Up. Sa diction si typique – réclamée par des gens aussi différents que REM ou les Chemical Brothers – reste un de ses principaux atouts. Comme sur Dance On Glass, son flow nasal démarrant seul avant d’être rejoint sans crier gare par un beat sablonneux. Q-Tip sait aussi très bien s’entourer. Sont ici présents Norah Jones, le soulman D’Angelo, la nouvelle venue Amanda Diva ou Raphael Saadiq, dont la voix sonne plus androgyne et soyeuse que jamais sur We Fight/We Love.

Renaissance, sorti le jour de l’élection de Barack Obama, ne révolutionne peut-être pas le genre (qui y arrive encore?). Mais il rappelle pourquoi il nous a un jour autant remué.

L.H.

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