Gagné par la lassitude, « enchaîné au goût d’un public inculte », un célèbre auteur de romans gothiques décide d’arrêter d’écrire. « Devoir tout faire en secret, comme si de rien n’était, car si les lecteurs venaient à percevoir le moindre relent de littérature, ils prenaient leurs jambes à leur cou. » Frustré d’avoir sacrifié ses ambitions littéraires, il décide de consacrer sa vie à l’opium. Où en trouver? Dans les rue de Buenos Aires niche une boutique, L’Antiquité, où L’Huissier, dealer d’un genre spécial, vous offre l’accès au produit dont la taille serait équivalente à celle d’un lave-linge… L’étonnant César Aira ( Le Congrès de littérature, Les Fantômes) plonge le lecteur dans un labyrinthe d’architecture impossible. Comme dans les gravures d’Escher, on déambule dans des limbes intemporels, la tête parfois à l’envers, dans un conte chausse-trappe et roublard. Jouet d’un marionnettiste surréaliste, on trébuche parfois sur du mobilier urbain invisible, voire quelques phrases, mais on se prend au jeu de piste où abondent les indices. Toutefois, quand survient l’inévitable descente, après les salons de rêve se succédant sans fin (n’est pas Christopher Nolan qui veut), ne demeure peut-être que le soupçon du lotus de l’oubli. Une grande illusion à laquelle manque, peut-être, le Prestige.

Prins

De César Aira, éditions Christian Bourgois, traduit de l’espagnol (Argentine) par Christilla Vasserot, 176 pages.

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