Prière finale

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Un peu plus d’un mois après la disparation de DMX, paraît Exodus, l’album qui devait signer le retour au sommet de la voix la plus rocailleuse du rap US.

Le 9 avril dernier, Earl Simmons décédait à l’hôpital de White Plains (État de New York), des « suites d’un arrêt cardiaque », provoqué selon certaines sources par une overdose. Mieux connu sous son nom de rappeur, DMX avait fêté ses 50 ans… Dès la nouvelle de son hospitalisation quelques jours plus tôt, les fans avaient afflué pour veiller devant la clinique. Mais c’est surtout le cortège funéraire qui a montré à quel point DMX a pu marquer les esprits: perché à l’arrière d’un énorme monster truck, le cercueil fut accompagné par des dizaines de motards, les fameux Ruff Ryders évoqués sur l’un de ses plus grands tubes. Dans Ruff Ryders’ Anthem, sorti en 1998, DMX rappait ainsi: « All I know is pain », sentence sans fard résumant son existence cabossée, entre violence et résilience, addictions et recherche spirituelle… À cet égard, que son ultime album, paraissant un peu plus d’un mois après ses funérailles, s’intitule Exodus trouve forcément un écho particulier. Un peu comme si DMX n’avait réussi à apaiser ses démons qu’en prenant la fuite…

Dans les faits, Exodus n’a pourtant pas été conçu comme le sont beaucoup trop d’albums posthumes, à coup d’inédits et de chutes de studio plus ou moins potables. Réalisé par Swizz Beatz, le disque était même achevé depuis un moment. Et, insiste le producteur, n’a pas été modifié après la disparition de DMX. On peut donc dissiper rapidement les doutes quant à une opération purement opportuniste et mercantile. Neuf ans après Undisputed, Exodus devait en fait signer le grand retour du rappeur, retrouvant au passage son label historique, Def Jam.

Prière finale

Le charisme de DMX y est intact. La voix, toujours aussi rocailleuse et brutale, reste le principal point d’attraction d’un disque à la liste d’invités aussi prestigieuse que longue et disparate. Accompagné de Jay-Z et Nas, DMX s’impose sur la rencontre au sommet de Bath Salts. Plus loin, Hood Blues est un autre point fort de l’album, chauffé par les têtes brûlées de Griselda -Westside Gunn, Benny the Butcher et Conway the Machine-, tandis que le jeune Moneybagg Yo donne le change sur Money Money Money (et son sample de… Chantal Goya). Ailleurs, le résultat est toutefois plus inégal. Avec Snoop Dogg, Take Control pioche de manière un peu trop appuyée dans le Sexual Healing de Marvin Gaye, tandis que Skyscrapers reste collé au sol, sonnant même très daté avec le refrain radiophonique chanté par Bono.

En fin de disque, DMX retrouve un ton plus intimiste, voire introspectif -du vernis seventies de Walking in the Rain (parlant de Dieu, « He left me with no shelter in the rain/But I learned to stay dry, so it wasn’t in vain ») à Letter to My Son, mélange de sentiments complexes adressé à son aîné ( « I wanna give you a hug, but I might bite you »). Exodus se conclut avec Prayer, sermon enregistré en 2019 lors d’un Sunday service de Kanye West. La voix est écorchée, entre colère et libération. À l’image de la vie de DMX.

DMX

« Exodus »

Distribué par Def Jam.

6

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