Prémonitions

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Monument de la science-fiction adapté d’un roman de Harry Harrison, Soleil vert est l’un des tout premiers films produits par Hollywood à traiter de l’urgence écologique. Sorti en 1973, Soleil vert se déroule en 2022 (tiens, tiens) et baigne dans les relents purulents d’une crise climatique. New York est plongée dans une canicule permanente. Un épais brouillard a envahi la surface du globe, tué la végétation et fait disparaître la plupart des espèces animales. Dans ce nouveau monde totalitaire en proie à une pénurie généralisée, il y a d’un côté les nantis qui ont accès à des aliments rares et chers. Et de l’autre les affamés qui dorment dans la rue, les décharges et les halls d’immeubles, nourris d’un produit synthétique, le soylent, rationné par le gouvernement.

Soylent Green (son titre original) témoigne de l’inquiétude d’une génération dans un monde où les inégalités sociales sont poussées à leur paroxysme. À l’époque, le vent tempétueux de la contestation souffle sur les États-Unis. Les jeunes s’opposent à la guerre du Viêtnam mais aussi à un modèle économique uniquement basé sur la consommation.

Diffusé dans la foulée du film de Richard Fleischer et sous-titré Quand Hollywood sonnait l’alarme, Soleil vert et alerte rouge replace l’œuvre dans son contexte et se demande quelles leçons on en a tirées. Jusqu’à la fin des années 60 et la sortie de 2001: l’odyssée de l’espace, le conservatisme régnait dans le monde de la science-fiction. Mais les choses allaient enfin commencer à changer et le genre se mettre à questionner le rôle de l’homme dans les problèmes sur Terre. La SF n’évoquait jusque-là que des menaces exogènes (attaque de Martiens, guerre nucléaire…). Avec Soleil vert, elle s’intéressait à une catastrophe climatique et environnementale dont nous étions les seuls responsables.

Alimenté par des interviews du réalisateur Joe Dante et du scénariste Josh Olson, de climatologues et de critiques de cinéma, le documentaire de Jean-Christophe Klotz analyse et décortique. Il s’intéresse à son acteur principal, Charlton Heston, qui est alors en phase totale avec le film. Loin du conservatisme dont il sera le chantre plus tard, opposé à l’avortement et grand défenseur du port d’armes. Il met aussi le doigt sur le côté visionnaire de la science-fiction et des thématiques audacieuses qui résonnent plus que jamais aujourd’hui. Dans Soleil vert, les femmes sont réduites au rang de simple mobilier et mises à disposition des locataires (#MeToo). Et un biscuit est l’unique nourriture du peuple. Consternant alors qu’un vrai liquide nutritif baptisé Soylent peut de nos jours faire office de repas complet.

Soleil vert et alerte rouge: quand Hollywood sonnait l’alarme

Documentaire de Jean-Christophe Klotz.

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