22.45 LA DEUX

P lanète en question, un rendez-vous concret et stimulant radiographiant le monde comme il tourne. Et un numéro particulièrement remarquable à découvrir absolument ce mardi. Trois femmes journalistes de la RTBF – Marie-Pierre Fonsny ( Les Niouzz), Agnès Lejeune ( Devoir d’enquête) et Hadja Lahbib – sont parties chacune dans un pays du Sud à la rencontre de femmes engagées. Le combat pour l’égalité des sexes est loin d’être terminé, et il adopte des formes diverses en fonction des pays et des situations. Empruntant parfois des voies originales et inédites tandis que ses résonan-ces se font aussi fortes que multiples. Ainsi en Papouasie-Nouvelle-Guinée de ces femmes de tribus ennemies qui se sont mobilisées pour pousser les hommes à la paix en pleine guerre tribale à la fin des années 90. Intervenant soudain et de façon quasi suicidaire en plein combat pour leur faire déposer les armes. Avec succès. D’autant plus exceptionnel que, comme nous l’explique Marie-Pierre Fonsny, il s’agit  » de mères de famille sans formation particulière dans une société tellement dominée par les hommes qu’il leur est interdit, par exemple, de prendre la parole en public« . Aujourd’hui, à travers l’association Kup Women for Peace, elles continuent leur combat pour la paix et des relations plus égalitaires entres hommes et femmes.

FÉDÉRER LES ÉNERGIES

Autre lieu, autre engagement. Celui de Madjiguène Cissé à Dakar. De retour au Sénégal après avoir lutté en France en faveur des sans-papiers, elle y fonde le REFDAF, réseau des femmes pour le développement durable en Afrique, dont l’objectif premier est de fédérer les énergies des Sénégalaises. Un mouvement qui mènera notamment à la création de la Cité des Femmes, endroit où les femmes seules, pauvres, veuves ou répudiées ont la possibilité d’avoir leur propre parcelle de terre et peuvent enfin bénéficier de conditions décentes pour vivre. Hadja Lahbib est partie également en Afrique,  » au Nord du Kenya, dans un village de femmes qui s’est créé dans les années 90 après que plusieurs d’entre elles aient été violées par des soldats britanniques qui faisaient des exercices là-bas. Après avoir été violées, elles ont été battues, parce que, au lieu de s’en prendre aux coupables, leurs hommes ont préféré les frapper puis les répudier. Alors elles ont créé un village. Pour échapper à leurs hommes, tout simplement. Vingt ans plus tard, j’avais envie d’aller voir comment vivaient ces femmes, si elles étaient heureuses sans hommes. Et l’on s’est très vite rendus compte qu’il ne s’agit pas tout à fait d’une vie sans hommes. Elles n’ont pas dit non à tout et mènent une vie très libérée.  »

Un triple et formidable message d’espoir réson-ant de la puissance de l’engagement associatif.

Nicolas Clément

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