Disciplines hip-hop et jeux vidéo ont bien du mal à coordonner leur flow. En vingt ans, quelques titres ont néanmoins brillé.

« T out n’est pas si facile, tout ne tient qu’à un fil »(1) pour la représentation du hip-hop dans les jeux vidéo. Si les habillages graphiques et musicaux d’une pléthore de titres se la jouent street, seule une poignée de cas font directement état des quatre piliers de cette culture urbaine. Transposer avec brio l’esprit break dance, graffitis, rap et DJing dans une expérience vidéoludique semble être mission impossible. A quelques exceptions près.

1985, Kool Herc, Grandmaster Flash et Run DMC posent les jalons du rap à grande échelle. La même année Street Beat (aux USA) nommé Ghettoblaster en Europe débarque sur Commdore 64. Les noms des deux éditions font directement référence au phénomène des Block Parties, ces soirées de rues improvisées. Et de fait, le joueur se balade sur la voie publique un énorme lecteur K7 à l’épaule, en essayant de rallier un maximum de passants à sa cause musicale. Excepté ce coup d’essai, le jeu vidéo est un désert pour le rap et la culture hip-hop en général pendant cette période.

Il faudra attendre la Super Nintendo pour voir arriver au début des années 90 Rap Jam: Volume One, jeu de basket très moyen dans la lignée des NBA Jam. Particularité du rejeton de Motown Software: on peut entre autres incarner Warren G, Public Enemy, LL Cool J, Queen Latifah, Onyx ou encore Coolio.

GRAFFITI JOYSTICK

Rayon bombage, lettrage et flicage, la génération 3D rend la représentation de vastes univers urbains complexes enfin possible. Ce qui amène le premier jeu de graffiti sur Dreamcast en 2000. La console testamentaire de Sega accueille Jet Set Radio (plus tard adapté sur Xbox), meilleur hommage à ce jour rendu à la culture graphique urbaine. Réalisé en cell shading (aplat de textures façon dessin animé sur de la 3D), le jeu nous fait chausser des rollers pour atteindre les plates-formes d’un néo Tokyo. En lutte contre les autorités et d’autres clans, on réalise fissa des combinaisons de touches au joypad. Simples dans le cas d’un tag et complexes pour un graf plus élaboré. Tirant un parti cette fois ultra réaliste, Marc Ecko’s Getting Up: Contents Under Pressure sur Xbox et PlayStation 2 n’a malheureusement pas réussi à rééditer l’exploit Jet Set Radio.

Les mordus de breakdance et de DJing n’auront pas plus de choix que les graffeurs sur consoles. Jusqu’ici B-Boy (PS2) représente l’unique chance de se plonger dans l’ambiance surchauffée de battles. Mélange de jeu de tricks (à la Tony Hawk), de rythme et de combat, les affrontements basés sur des chorégraphies s’y révèlent bien meilleurs et complexes que Flow: Urban Dance Uprising. Un calque basique de Dance Revolution avec des enchaînements de pressions de touches ou de figures pédestres sur un tapis relié à la console. Spéciale dédicace enfin à la série Parappa the rapper (sur PS1, PS2 et PSP). On y incarne un chien rappeur et danseur suivant les enseignements d’un karatéka à tête d’oignon. Tous les personnages psychés et barrés sont en fait des animaux ou des objets insolites. Mieux: ils s’affichent en fausse 3D, comme des feuilles de papier. A rouler?

(1) NTM, Tout n’est pas si facile, issu de l’album Paris sous les bombes, 1995.

MICHI-HIRO TAMAï

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