En public: tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. En privé: on en est très loin.

« I l y a un moment le soir, quand les enfants sont couchés et que les maris se mettent à ronfler, où les femmes songent aux choses qu’elles cachent à leurs amis. » Ainsi commence la quatrième saison de Desperate Housewives (le lundi à 20h30 à partir du 28 avril sur Be tv), portée par la voix d’outre-tombe de Mary-Alice, ancienne résidente de Wisteria Lane, qui s’est suicidée à cause, justement, d’un secret trop lourd à porter. Dans ce quatrième volet de leurs aventures, les ménagères désespérées tenteront d’occulter pêle-mêle: une fausse grossesse, un faux suicide, un cancer, des adultères et un déluge de haines corses.

Ce qui complique quelque peu l’entreprise, c’est qu’à Fairview (ville imaginaire du tout aussi imaginaire Eagle State), les apparences sont primordiales: on lime chaque brin d’herbe de la pelouse, on amidonne son col Claudine tout en raccourcissant l’ourlet de ses jupes, et on sourit à pleines dents comme la vie nous sourit. C’est ça qui rend la série si intéressante: ces jolies façades de coquets pavillons de banlieue, derrière lesquelles se terrent des choses très laides.

Le public et la critique acclament Desperate Housewives et toutes les fictions calquées sur le concept côté face/côté pile. Rayon séries, épinglons Big Love, et son portrait d’une famille de mormons polygames qui assument difficilement leur mode de vie, Weeds et sa mère de famille bourgeoise qui deale de la beuh. Rayon films, on retient American Beauty et ses adultères ainsi que les Little children et leurs soupirs d’ennui.

APPARENCES

Ces fictions envahissent tellement nos écrans qu’on a presque l’impression que c’est ça, le vrai visage de l’Amérique contemporaine: un teint dragée mais un sang noir. Elles font d’ailleurs écrire aux journalistes des expressions du type « chronique vitriolée de l’American way of life », ce qui leur permet de dénoncer le culte de l’apparence alors qu’ils n’ont peut-être jamais mis les pieds outre-Atlantique et que la seule chose qu’ils connaissent du pays de l’Oncle Sam est l’image que leur renvoie la télé.

Or, scoop, les Etats-Unis n’ont pas le monopole de l’hypocrisie. Et ne sont pas les seuls à tout tenter (souvent en vain) pour sauver la face. Chez nous, par exemple: on fait des enfants à ses maîtresses, on vit une double vie, et puis on trouve ça encombrant un mioche – surtout quand il se lance dans la sculpture en papier mâché XXL -, alors on lui enjoint de ne plus nous appeler papa. Une punkette londonienne en salopette maculée de peinture collée à nos basques, ça fait quand même un peu mauvais genre. En particulier quand une de nos brus bien propre sur elle s’apprête à accoucher. Un vrai feuilleton, la vie derrière les jolies grilles d’un coquet pavillon de banlieue bruxelloise.

DE MYRIAM LEROY

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content