Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

Les séries télé ressassent toujours les mêmes thèmes. Focus vous les dévoile tout au long de l’été. Première étape: le voyage dans le temps, au cour du très prometteur Flash Forward.

Un jour comme les autres, où les travailleurs travaillent, les surfeurs surfent, et les embouteillages s’embouteillent. Et puis le noir. Deux minutes et dix-sept secondes de black-out sur toute la surface du globe. Sept milliards de personnes plongées dans la pénombre et l’angoisse. Enfin la lumière, le retour à l’ordre normal des choses. Mais la peur n’a pas disparu: durant les deux minutes et dix-sept secondes de mise hors tension de la planète, l’humanité a voyagé. Elle a vu son futur. Et devra désormais y faire face. Voilà le pitch de Flash Forward, la série la plus attendue de la rentrée (début prévu à l’automne), et peut-être même du lustre – puisque cela fait très exactement cinq ans que les chaînes et réseaux américains nous ont livré leurs dernières productions fédératrices, puissantes et renversantes. Cinq ans et la naissance de Prison Break (qui a démontré depuis qu’à trop tirer sur une corde, elle s’effiloche et craque), Desperate Housewives (le feuilleton comique le plus regardé dans le monde), Dr House (la série dramatique la plus plébiscitée), et Lost (la fiction qui comptabilise probablement le plus de fans obsessionnels). Cinq ans, donc, qu’on n’a rien trouvé pour prendre le relais de ces séries – dont certaines cheminent tranquillement jusqu’à leur dernier souffle -, pas même l’ombre du début de la queue d’un concept qui fasse mouche. Depuis l’automne 2004, chaque saison télévisuelle U.S. est en effet marquée par une attaque de clones: les séries judiciaires et médicales pullulent, tout comme les versions 2.0 de vieux machins: 90210, Bionic Woman… Bref, on croyait la pénurie de bonnes idées partie pour durer longtemps. Flash Forward va peut-être nous donner tort. Présentée aux acheteurs potentiels de programmes lors des fameux « screenings » annuels de Los Angeles, cette nouvelle production ABC a, paraît-il, médusé l’assistance.

Paradoxe temporel

Alors, qu’a-t-elle de si incroyable, cette nouvelle série? Bien sûr, il y a Brannon Braga ( Star Trek) et David S. Goyer (les Batman de Christopher Nolan) derrières les manettes. Et Joseph Fiennes ( Shakespeare in love…) ainsi que Sonya Walger ( Lost, Tell me you love me…) et Dominic Monaghan (Charlie de… Lost, encore) à l’affiche. Bien sûr, le fait que la chaîne payante HBO ait été la première à acquérir les droits du bouquin sur lequel est basée la série (écrit par l’auteur canadien de science-fiction Robert J. Sawyer) avant de les céder à ABC est un gage de qualité. Mais la plus grande force du concept, c’est probablement qu’il est basé sur le voyage temporel, un thème qui a toujours inspiré la télévision. Certaines séries sont entièrement articulées autour de lui ( Doctor Who, Life on Mars, Code Quantum…), tandis que d’autres distillent le tourisme dans le temps à petite dose, juste de quoi maintenir le public en alerte ( Lost, Heroes…). Le plus intéressant avec ce voyage, ce n’est pas tant la comparaison entre un passé forcément désuet ou un futur forcément effrayant avec le présent. C’est le casse-tête du paradoxe temporel, de l’action réalisée dans un temps donné qui changerait la donne actuelle ou future (exemple: l’homme qui se balade dans le passé rencontre celui qui deviendra son grand-père un jour et le tue. Ce qui le ferait cesser d’exister puisqu’il n’a pu naître, et donc l’empêche d’assassiner son grand-père). Ici, dans Flash Forward (un flash forward intervenant quand le spectateur est informé d’éléments futurs au temps principal du récit, l’inverse du flash-back en somme), l’originalité de la translation est que le bond dans le temps est en réalité un saut de puce de quelques mois. Les personnages ont vécu le 29 avril 2010. Un jeudi, ont remarqué les premiers fans. Que se passera-t-il donc pour nous, téléspectateurs, le 29 avril 2010? La collision entre deux mondes, deux époques, accouchera-t-elle d’une boule d’antimatière qui ferait voler l’écran en éclats? Terrifiante et réjouissante perspective télé.

Myriam Leroy

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