Perpendiculaire au soleil

© National

Valentine Cuny-Le Callet, étudiante aux Arts Décoratifs de Paris, avait 19 ans quand elle a envoyé sa première lettre à Renaldo McGirth dans sa prison de Floride; l’âge que l’Afro-Américain avait lui-même quand il a été jugé pour meurtre et condamné à mort, neuf ans plus tôt. Trois ans après cette première lettre, le duo décidait de faire de leur “rencontre” et de leur amitié un roman graphique. Et quel roman graphique! 436 pages (!) au crayon et sur gravure, où les rares touches de couleur viennent des dessins envoyés par Renaldo lui-même. Le tout donne évidemment un témoignage bouleversant sur le système carcéral américain, sur sa violence intrinsèque et sur sa révoltante absurdité -envoyer et recevoir une lettre, et encore plus des dessins, depuis une cellule du couloir de la mort tient souvent de l’exploit. Renaldo McGirth, ainsi, ne pourra recevoir son livre -les couvertures cartonnées sont interdites- ni y être cité comme co-auteur -“la loi empêche une personne condamnée de tirer un profit financier du récit de son crime”, même si cette impressionnante Perpendiculaire est le récit d’une correspondance, d’une amitié, d’un quotidien et d’affres intérieures bien plus que d’un crime. Un premier roman graphique aussi fort que son sujet.

de Valentine Cuny-Le Callet (et Renaldo McGirth), éditions Delcourt, 436 pages.

8

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Partner Content