Père et fils
God of War n’a pas pris une ride en 17 ans. Mieux, le dernier-né Ragnarök s’impose comme un blockbuster qui fait sens en nous parlant de paternité.
God of War: Ragnarök
Affronter, sérieusement, le décès d’un enfant sur That Dragon, Cancer et The Last of Us, essayer, avec beaucoup d’humour, de garder un nouveau-né en vie sur Who’s Your Daddy, ou encore, se racheter un karma en devenant père dans le far west de Red Dead Redemption: la paternité contamine l’univers du gaming depuis de nombreuses années. Explorée par Silent Hill, Heavy Rain et le plus récent No Place for Bravery, ce thème refait aujourd’hui surface sur God of War: Ragnarök. Cette sortie événement nous rappelle encore une fois que le jeu vidéo délaisse le sujet de la maternité. Difficile toutefois de bouder son plaisir face à l’intensité émotionnelle et physique de ce trip mythologique nordique.
“Arrête de penser comme un père et réfléchis plutôt comme un général.” “J’en ai marre de ta discipline, je veux des réponses que tu ne sais pas m’apporter.” Plus sanglantes que ses attaques magiques, les flèches que décoche Atreus à son daron de Kratos illustrent à merveille les affres de la parentalité face à un adolescent. Castant un fiston voulant s’émanciper d’un père trop protecteur, God of War: Ragnarök y superpose des enjeux de revanche familiale et de préparation à l’apocalypse du Ragnarök. Des dialogues ciselés, des légères touches d’humour et une quinzaine de protagonistes marquants cimentent son récit. Attachement immédiat.
Vagues à lames
Grâce notamment à la présence d’un improbable écureuil parlant baptisé Ratatoskr (qui désamorce le sérieux de Kratos), la suite du reboot de God of War (2018) ne se contente pas de brandir avec doigté une relation père-fils à la fois houleuse et tendre. Son sens du rythme et la profondeur de ses bastons le propulsent, sans peine, au rang des jeux indispensables de 2022. Utilisée pour des attaques de proximité ou de distance, la hache ensorcelée de Kratos cache ainsi un nombre époustouflant de techniques jubilatoires. Cette arme qui permet entre autres de jongler avec un adversaire en l’air se complète des célèbres “doubles lames du chaos”, signature de la série depuis 17 ans.
Utilisées comme un grappin pour escalader une paroi ou pour faire brûler un buisson et débloquer un passage, ces dernières jouent la carte du double emploi. L’idée, proche du boomerang de Zelda: Link’s Awakening, scintille. Et au final, on s’accroche à la manette. Car les revirements de situation bien placés guettent sans cesse le gamer. Surtout face à des boss titanesques entrecoupés de Quick Time Events, de castagnes aériennes dingues et autres finish him magistralement maîtrisés.
D’un saut offensif dans le vide à l’usage d’éléments du décor (comme une colonne géante) à balancer sur l’adversaire, Ragnarök ne réinvente certes pas le hack and slash. Mais avec ses alligators gigantesques, dragons inquiétants et autres méduses folles, il prouve que sa maîtrise du genre est sans égale. Un standard en devenir auquel d’autres jeux se compareront, sans nul doute, à l’avenir. Cela valait bien une petite engueulade…
Édité par Sony CE et développé par SIE Santa Monica Studio, âge: 18+, disponible sur PlayStation 4 et PlayStation 5.
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