Peau de mille bêtes

Il était une fois une jeune princesse appelée Ronce, obligée de fuir le roi, son père. Inconsolable après la mort de la reine, ce dernier s’était promis de ne se remarier qu’avec une femme aussi belle qu’elle. Jetant son dévolu sur sa fille, celle-ci n’a donc d’autre alternative que de disparaître. Mais son père étant également un magicien puissant, il lui jette un sort, la condamnant à dévorer tous les prétendants mâles qui s’approcheraient trop d’elle. Et comme seul le baiser d’un homme pourra la libérer du maléfice, la voilà mal barrée. Si cette histoire vous dit quelque chose, c’est normal: c’est un mix entre Peau d’âne, le plus vieux conte écrit en français (Louis pas encore XIV n’en dormait pas la nuit) et Peau de mille bêtes, conte éponyme compilé par les frères Grimm. Stéphane Fert poursuit ses adaptations des classiques de la littérature enfantine en y ajoutant une dimension plus féministe fort dans l’air du temps. N’ayant pas non plus oublié d’être drôle, il dote ses personnages d’un sens de la répartie tout à fait jouissif. La marraine de Ronce, la sorcière… pardon, la bonne fée, est irrésistible dans son rôle protecteur ainsi que dans celui de guide d’un jeune prince prêt à tout pour retrouver la princesse, son amour de jeunesse. Les deux tourtereaux avaient déjà échangé un baiser visqueux et sucré comme un beignet de limaces. Bousculant allègrement les codes machistes des contes traditionnels, la marraine a également l’idée d’organiser un concours où tous les princes et chevaliers de la région devront préparer le meilleur des plats afin que Ronce puisse manger autre chose que de la chair humaine. Paradoxalement, le dessin vintage façon collection Carrousel de Dupuis rappellera les riches heures d’une certaine littérature jeunesse où filles et garçons se devaient de rester à leur place.

Peau de mille bêtes

De Stéphane Fert, éditions Delcourt, 120 pages.

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