Myriam Leroy
Myriam Leroy Journaliste, chroniqueuse, écrivain

22.00 LA UNE

DE DENIS DELESTRAC.

On ignore généralement tout de ce qui se trame au-dessus de nos têtes – et on ne s’en porte pas plus mal. Et pourtant, les satellites – en plus de nous être tout à fait indispensables dans nos vies quotidiennes – pourraient bien être au c£ur d’une guerre technologique des plus ahurissantes. C’est le propos de ce documentaire passionnant, qui se regarde les yeux ronds comme des soucoupes, tant son propos est étonnant. L’homme a percé pour la première fois l’atmosphère avec un satellite artificiel il y a un demi-siècle à peine. Aujourd’hui, personne ne pourrait se passer de ces objets qui gravitent autour de la terre: ils nous permettent de téléphoner, de retirer de l’argent à un guichet automatique, de nous orienter en voiture, de savoir le temps qu’il fera demain… Mais au-delà du dessein d’améliorer le confort de vie de l’humain, cette technologie a aussi des applications militaires. Elle permet par exemple de guider des missiles vers leur cible.

CHAMP DE BATAILLE

Il y a un millier de satellites actifs en lévitation dans l’espace – la moitié appartenant aux Etats-Unis. Il suffirait d’en détruire 50 pour paralyser les forces américaines. La Chine et les Etats-Unis se tiennent en joue sur ce terrain: l’Empire du Milieu s’adonne ainsi à des essais de destructions de satellites (les siens – pour l’instant). De son côté, l’Amérique n’abandonnerait pas la mise sur pied de son controversé bouclier antimissile – c’est ce que des spécialistes de la question affirment dans ce film -, malgré les déclarations d’abandon « obamiennes ». Joseph Cirincione, ancien membre du comité des forces armées de la Chambre des Représentants américaine, assène que ce projet « est l’une des plus grandes fraudes du département de la défense ». Il explique que les seules menaces militaires réelles pesant sur les Etats-Unis viennent d’Iran et de Corée du Nord: deux nations qui ne disposent que de missiles de moyenne portée. « Tout système de défense antimissile – qu’il soit situé dans l’espace ou ailleurs – peut servir d’arme antisatellite », souligne Baker Spring du think tank conservateur The Heritage Fondation. Voilà qui démontrerait que les visées étatsuniennes sont moins défensives qu’offensives. L’Union Européenne est actuellement contre l’arsenalisation de l’espace. En revanche, puisqu’en cas de tensions diplomatiques, les USA pourraient désactiver leurs satellites de positionnement, l’Europe développe les siens à travers le système Galileo. En stratégie militaire, il faut à tout prix conquérir le high ground, la position dominante, pour avoir l’avantage. Ce film inventif dans son esthétique et haletant dans son récit démontre que l’espace est devenu un champ de bataille comme un autre.

Myriam Leroy

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